Pour 350 Africa Team

Les fortes pluies qui se sont abattues la semaine dernière sur Accra, au Ghana, ont entraîné la mort de dix personnes, fait de nombreux blessés et causé d’énormes dégâts matériels. La survie des communautés vulnérables demeurant une priorité, le gouvernement ghanéen a demandé aux citoyens d’évacuer les zones inondées et de se réfugier sur des terrains plus élevés afin d’éviter de nouvelles pertes humaines.

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Les mois de mai et juin ont toujours été les plus pluvieux, mais avec le changement climatique, les saisons et les températures au Ghana sont devenues moins prévisibles. Les agriculteurs, les communautés et les familles se retrouvent donc confrontés à un défi supplémentaire aux effets préjudiciables sur leurs moyens de subsistance. L’économie du pays dépend fortement de secteurs tributaires des conditions climatiques tels que la santé, l’énergie, l’agriculture, la gestion des ressources hydriques, l’aménagement du territoire, la pêche et la sylviculture. Le changement climatique aura des effets désastreux sur les cultures et sur la production de denrées alimentaires, ce qui se traduira par une hausse des prix.

Or, le gouvernement et les entreprises semblent voir dans le charbon une source fiable d’énergie bon marché. Le Ghana a adopté une politique charbonnière agressive dans l’optique de devenir un « exportateur net d’électricité dans la sous-région de la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) ».

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Il est dramatique de constater qu’en dépit des répercussions actuelles bien visibles du changement climatique sur les communautés ghanéennes, l’Autorité du Bassin de la Volta et ses partenaires – la société chinoise Shenzhen Energy Group, qui est soutenue par le Fonds de développement Chine-Afrique, ainsi que les fournisseurs Glencore Xstrata en Afrique du Sud et Anglo American en Colombie – maintiennent leur projet de construction d’une centrale thermique à charbon supercritique à Aboano, dans le district d’Ekumfi (le terme « supercritique » est utilisé pour décrire des centrales électriques qui consomment moins de charbon par MWh, raison pour laquelle cette technologie est parfois faussement qualifiée de « charbon propre »). Cette centrale, dont le coût est estimé à 1,5 milliard de dollars, sera la première au Ghana, ce qui constitue un dangereux précédent favorisant la construction d’autres usines à charbon dans le pays.

Le district d’Ekumfi est déjà confronté à des problèmes de pénurie d’eau et pourtant, l’ABV a reçu l’autorisation d’accéder aux côtes et d’utiliser l’eau puisée dans l’océan pour alimenter les systèmes de refroidissement de la centrale. L’ABV l’a elle-même confirmé via différents médias le 21 mars 2016.

Ce projet onéreux aura des répercussions sur la qualité et la quantité d’eau utilisable dans cette région désignée comme « l’emplacement idéal » pour la centrale. L’eau de mer contaminée de manière irréversible par les substances chimiques dangereuses rejetées par les sociétés minières s’infiltrera ainsi dans les cours d’eau et se retrouvera consommée par les populations.

Centrale thermique à charbon supercritique d'une puissance de 2x350 MW – Image ABV

Centrale thermique à charbon supercritique d’une puissance de 2×350 MW – Image ABV

 

350.org Africa, par le biais de sa campagne G-ROC (Ghana Reducing Our Carbon), s’oppose fermement à ce projet. Cet immense projet de construction de centrale thermique s’accompagnera d’innombrables dangers environnementaux, socio-économiques et sanitaires à long terme pendant tout sa période de fonctionnement, qui est estimée à 25 ans à compter d’avril 2017. Le Ghana peut se retrouver piégé dans une dangereuse dépendance au charbon pendant plusieurs générations.

Les effets de l’extraction du charbon sur l’eau, la sécurité alimentaire, l’environnement, la santé et le bien-être des communautés relèvent d’une réglementation et d’une politique minières que le gouvernement ghanéen ne peut ignorer.

Le Ghana possède les ressources et le potentiel pour se tourner vers des solutions durables qui lui permettraient de se prémunir de nouvelles crises énergétiques et de futures catastrophes climatiques et de sauver la vie de populations innocentes. En mai 2015, le gouvernement ghanéen a promis d’investir 230 millions de dollars dans son programme d’énergie renouvelable. Cet argent sera affecté à quatre grandes catégories de projets incluant le déploiement des énergies renouvelables, la modernisation des infrastructures pour la production d’électricité solaire et éolienne, ainsi que l’assistance technique.

La demande d’énergie au Ghana est en hausse et la dépendance au charbon en tant que seule option viable de modernisation est un argument qui ne tient plus la route. Partout dans le monde, la demande en charbon est en baisse, cette solution ayant démontré ses limites en termes de rentabilité à long terme. La société civile et les communautés doivent savoir que l’extraction de charbon n’est pas une solution viable pour répondre à ces crises.

Le charbon est dangereux pour l’environnement. Les effets nocifs sur la santé auxquels la population risque d’être exposée doivent être à tout prix évités. 350.org/G-ROC continuera à mettre la pression sur le gouvernement afin d’accélérer la transition vers les énergies renouvelables et mettre un point d’arrêt à tous les projets charbonniers prévus dans la région.

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