Ici, à 350.org, nous nous efforçons d’utiliser notre pouvoir pour aider à construire le pouvoir de nos partenaires du mouvement, en particulier ceux qui, pour des raisons de classe, de sexe, de race, de religion ou d’orientation sexuelle, sont en marge du mouvement climatique. C’est dans cet esprit que nous commémorons la Journée internationale de la femme et la grève des femmes.

En tant qu’organisation dirigée par des femmes, nous comprenons que lorsque nous soutenons les droits des femmes et des filles, tout le monde est gagnant. Il en va de même pour la justice climatique, car les femmes et les filles ne sont pas seulement touchées par l’injustice climatique, elles sont aussi à l’origine du changement. Lorsque j’y pense, je réalise qu’il ne peut y avoir de justice climatique sans justice de genre.

Les catastrophes climatiques touchent les femmes et les filles en premier lieu et en premier lieu à cause de l’inégalité entre les sexes. Depuis que les États-Unis ont commencé à mesurer la pauvreté, les femmes sont plus susceptibles d’être pauvres que les hommes. 70 % des pauvres sont des femmes et des enfants. Les mères célibataires, les femmes de couleur et les femmes âgées vivant seules sont particulièrement exposées au risque de pauvreté. Il existe en outre un lien étroit entre la pauvreté des femmes et celle des enfants. Lorsque nous parlons de changement climatique, nous devons mettre l’accent sur les femmes et les filles, car elles en subissent les conséquences de manière disproportionnée.

En tant qu’ancienne petite fille réfugiée, je connais les difficultés auxquelles les femmes et les filles sont confrontées lorsqu’elles fuient leur foyer. Aujourd’hui, les femmes et les filles représentent environ 50 % des réfugiés, des personnes déplacées à l’intérieur de leur pays ou des apatrides, autant de situations qui sont de plus en plus exacerbées par les effets du changement climatique conjugués à la montée de la xénophobie et du racisme. Lorsque j’ai fui ma maison déchirée par la guerre, en raison de l’intervention militaire américaine, avec mes deux frères, ma jeune sœur et mon père, j’ai pu constater par moi-même le courage dont ont fait preuve les habitants des États-Unis, puis du Canada, en dépit de lois injustes qui les empêchaient d'”héberger des étrangers en situation irrégulière”. C’est de ce genre de résistance dont nous avons besoin aujourd’hui pour garantir que les personnes qui fuient leur pays pour quelque raison que ce soit puissent trouver un refuge.

Il ne m’échappe pas que l’interdiction de séjour des musulmans et le projet de mur entre les États-Unis et le Mexique affecteront des personnes originaires de pays qui, en plus de subir des violences extrêmes, souvent provoquées par l’intervention et la politique des États-Unis, connaissent également des sécheresses et des inondations dues au changement climatique. La montée de la xénophobie et du racisme entrave notre capacité à répondre de manière responsable à l’augmentation du nombre de réfugiés et met davantage en péril la vie des plus vulnérables.

Nous n’avons pas besoin d’aller bien loin pour en trouver la preuve, il suffit de regarder les images de personnes qui risquent leur vie et celle de leurs enfants en essayant d’atteindre l’Europe dans des canots pneumatiques ou qui risquent la mort dans le désert mexicain pour que ce gouvernement leur ferme la porte au nez en alimentant les feux de leur base la plus extrémiste par des politiques xénophobes et racistes. En tant que pays qui est l’un des plus grands contributeurs au changement climatique et qui prétend défendre la “justice pour tous”, nous avons la responsabilité de faire mieux.

La violence est un autre domaine où les femmes sont les plus vulnérables et elle est aggravée par l’augmentation de l’extraction des combustibles fossiles. Par exemple, la lutte pour arrêter le North Dakota Access Pipeline a fait l’objet d’une grande attention, mais un examen plus approfondi révèle que la violence à l’égard des femmes n’est que trop réelle pour les femmes et les filles autochtones, dont le corps est mis en péril. Un récent rapport du ministère de la Justice confirme ce que nous avons déjà entendu par l’intermédiaire de nos partenaires sur le terrain, à savoir que la violence à l’égard des femmes près des puits de fracturation et d’autres projets d’infrastructure liés aux combustibles fossiles a augmenté.

Comme dans de nombreux endroits du monde, la violence à l’égard des femmes est liée à un racisme profond et à un héritage d’exploitation, de violence systémique et de génocide des peuples indigènes, et elle est multipliée par ces facteurs. Une femme autochtone sur trois est violée au cours de sa vie – deux fois et demie la probabilité pour une Américaine moyenne – et dans 86 % de ces cas, l’agresseur n’est pas autochtone. Ainsi, pour parvenir à la justice climatique que nous recherchons, nous devons rendre des comptes aux communautés de première ligne comme Standing Rock, ainsi qu’aux femmes et aux filles dont la vie est menacée, et qui sont devenues des zones sacrificielles.

Pour moi, en tant que femme de couleur, les luttes pour protéger l’eau, la nourriture et la terre contre l’industrie des combustibles fossiles sont des luttes pour les droits des femmes et des filles. Ces luttes sont liées à nos appels à l’autonomie sur nos corps, nos vies, nos moyens de subsistance et notre droit à vivre sans violence. En approfondissant cette conscience dans nos mouvements, je crois que nous pouvons centrer nos demandes sur la vision d’un mouvement pour la justice climatique et d’un pays qui valorise la vie et la contribution des femmes et des filles. C’est pourquoi je commémore aujourd’hui la Journée internationale de la femme et la grève des femmes, parce que la justice de genre est la justice climatique.

— Natalia Cardona, coordinatrice de l’engagement en première ligne pour l’Amérique du Nord

Autres sources :

https://www.legalmomentum.org/women-and-poverty-america

https://www.unhcr.org/en-us/women.html

For more climate movement news, follow 350 on Twitter, Facebook, Instagram

FacebookTwitter