Par l’équipe de 350 Afrique, 19 août 2016

Le street art et les graffitis ne sont absolument pas du vandalisme. Il s’agit d’une forme d’art qui prend racine dans une sous-culture underground tellement provocatrice qu’elle ne peut et ne doit exister qu’en dehors des galeries d’art. L’art non conventionnel joue un rôle essentiel dans le paysage urbain et contribue de manière positive à l’activisme social. C’est pourquoi 350 Afrique-Monde arabe a adopté l’artivisme comme outil mobilisateur et organisé, début août, un atelier « Graffiti pour le climat » au Caire (Égypte), ayant réuni 7 à 12 personnes, certaines d’entre elles n’ayant aucune expérience dans le domaine des graffitis.

Organisé en coopération avec l’organisme Megawra Al-Khalifa/Built Environment Collective, et co-animé par l’artiste graffeur Mahmoud Magdy, l’atelier avait deux objectifs spécifiques : développer le potentiel des artivistes en soutien au mouvement pour le climat et créer une fresque dans le quartier historique de Al-Khalifa, au Caire.

Ahmed Abd Elfattah, 19 ans et grand amateur de graffitis, a participé à l’atelier et rédigé le compte rendu suivant :

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L’idée d’utiliser l’art pour évoquer les problèmes climatiques au niveau mondial et plus particulièrement en Égypte est fascinante, car le langage universel de l’art permet non seulement de transmettre le message et l’information, mais aussi de leur donner du poids et de les imprimer dans nos mémoires, beaucoup mieux que les mots. Montrer au lieu de dire, voilà l’idée sur laquelle reposait tout l’atelier.

Le premier jour a été consacré au processus de réflexion et la première activité a été un exercice visuel. Chaque participant a reçu des images très simples, des logos pourrait-on dire, et devait donner son point de vue sur celles-ci : par exemple deux photos, l’une représentant un wagon plein de charbon et l’autre un panneau solaire. La discussion qui a suivi chaque image fut révélatrice, elle nous a permis de passer d’une idée à l’autre et d’évoquer les événements liés au changement climatique et au réchauffement planétaire.

On nous a ensuite brièvement présenté l’histoire du graffiti et de la peinture murale, illustrée de quelques œuvres similaires, tout en discutant de leur rapport avec le changement climatique. Puis, chaque participant a eu 15 minutes pour commencer à esquisser ses idées. Ce que j’ai trouvé de vraiment génial dans le processus de conception, c’est que nous avons trouvé le moyen de combiner toutes les idées, tout en tenant compte de la manière de les mettre en œuvre en peinture libre et au pochoir. Le résultat final faisait preuve de créativité et de réflexion, il prenait en considération le contexte urbain où nous nous trouvions, la culture locale, des dictons populaires et certains symboles que les habitants de la région pourraient facilement identifier.

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Le deuxième jour fut consacré à la découpe des pochoirs, sous une chaleur accablante. Mais nous savions pourquoi nous étions là et tout le monde était plus que jamais enthousiaste et motivé pour mener à bien ce projet artistique. Le nettoyage du mur pour la fresque, la mise en place du pochoir et la réalisation de la peinture ont bien sûr attiré l’attention des passants qui se demandaient ce que nous faisions. Petit à petit ils se sont approchés et nous ont demandé des explications. Et nous leur avons expliqué. Les enfants du quartier ont commencé à s’attrouper, se demandant peut-être s’ils pouvaient participer, et ils ont ensuite commencé à peindre sans complexes, tout en apprenant des choses sur le changement climatique et sur ce qu’ils devaient faire pour contribuer à maintenir la limite du réchauffement sous les 1,5 °C.

Nous avons fini notre graffiti vers 18 heures, fatigués, mais avec le sentiment que notre message avait été transmis avec succès.

« Toi qui trahis ma bonté, demain quand je te quitterai, c’est alors seulement que tu m’apprécieras » est la traduction d’un dicton populaire égyptien qui a été écrit à l’intérieur du graffiti.

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Chez 350 Afrique-Monde arabe, nous avons été stupéfaits de l’attention que les médias ont accordée à cet événement, et de l’intérêt exprimé par d’autres groupes locaux qui souhaiteraient que d’autres ateliers soient organisés. Nous sommes donc tout à fait impatients de mener d’autres projets d’artivisme dans la région.

Pour plus de photos de l’atelier cliquer ici 

Lien vers l’article d’un journal égyptien sur l’atelier

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