Annoncée comme la « COP de la finance », la Conférence des Nations Unies sur le climat est très loin d’avoir répondu aux attentes et aux besoins. Les pays les plus vulnérables, qui subissent le plus sévèrement des impacts climatiques de plus en plus dévastateurs, ont été contraints et forcés d’accepter un engagement financier symbolique pour éviter un échec total des négociations – c’est un rappel brutal du déséquilibre persistant en matière de justice climatique à l’échelle mondiale.
Les pays développés se sont engagés à verser « au moins 300 milliards de dollars par an » provenant de différentes sources, notamment publiques et privées, un chiffre qui risque d’alourdir le fardeau de la dette pour les nations vulnérables qui paient déjà le prix de l’urgence climatique. Les pays riches, responsables de la majorité des émissions historiques de gaz à effet de serre, ont une dette qui se chiffre en milliers de milliards de dollars envers les pays les plus vulnérables.
Andreas Sieber, Directeur associé des politiques et des campagnes chez 350.org :
« À Bakou, nous avons vu l’avenir de notre planète et la dignité d’innombrables vies réduits à peau de chagrin, une concession faite à des gouvernements riches déterminés à se dédouaner de leurs responsabilités morales et financières. Ce qui a été présenté comme une avancée n’est en réalité que le plus petit dénominateur commun.
Les pays riches, menés par l’Union Européenne, les États-Unis et le Japon, n’ont pas réussi à dépasser cette médiocrité, négligeant leur responsabilité historique. Leur réticence à donner la priorité à l’ambition et à l’équité laisse les plus vulnérables sur le bas-côté, mettant à mal leurs droits, leurs terres et eur avenir. L’échec que représente cet accord met en évidence que ceux qui ont la plus grande capacité à montrer l’exemple échouent encore et toujours dans les moments les plus fatidiques. »
À eux seuls, les impacts climatiques coûtent des centaines de milliards de dollars aux pays en développement, sans compter les coûts supplémentaires liés à l’adaptation et à une transition juste et équitable vers les énergies renouvelables. Cet échec des pays riches révèle non seulement un manque d’ambition, mais aussi une érosion de la confiance, car ils se dérobent une fois de plus à leur responsabilité morale, plaçant les profits au-dessus des gens et permettant aux géants des énergies fossiles de faire la loi. La seule lueur d’espoir réside dans le fait que la COP29 s’est au moins achevée sur la reconnaissance par les pays que cet objectif n’est qu’un point de départ qui doit être révisé en 2030 avec une feuille de route claire pour mobiliser plus d’argent. La présidence brésilienne de la COP30 doit maintenant s’atteler à la tâche cruciale de piloter un processus crédible pour augmenter les financements et garantir leur qualité et leur impact.
Par ailleurs, lors d’une réunion organisée par des organisations de la société civile à la COP29 à Bakou, le mouvement pour la justice climatique s’est engagé à poursuivre ses efforts pour faire progresser l’action sur le climat.
Namrata Chowdhary, Directrice de l’engagement public chez 350.org :
« Une fois de plus, l’iniquité a conduit à une offre que les personnes vulnérables n’ont d’autre choix que d’accepter. Les pays riches n’ont pas honoré leurs responsabilités et ont refusé de se montrer à la hauteur du rendez-vous et de l’urgence climatique. Alors que cet accord est adopté dans ce moment sombre et décevant, nous restons solidaires des personnes les plus touchées par la crise qu’elles n’ont pas provoquée et par un résultat qu’elles n’ont pas pu influencer. Cet accord n’est pas à la hauteur de l’ambition nécessaire, mais comme nous l’avons vu ces deux dernières semaines dans les couloirs de la COP et lors des nombreuses actions organisées à travers le monde, l’espoir et l’ambition sont bien vivants dans le mouvement climatique. Nous regardons déjà vers l’avenir et nous nous préparons à donner un nouvel élan au mouvement mondial pour la justice climatique, à l’aide d’une vague de campagnes et de mobilisations axées sur de véritables solutions à l’urgence climatique. »
Le manque de soutien financier de la part des pays riches continue d’entraver des progrès significatifs en matière d’adaptation et d’atténuation, en particulier dans les régions les plus durement touchées par les impacts climatiques. Au lieu de cela, les tactiques de greenwashing telles que les marchés carbone et les technologies non éprouvées sont présentées comme des solutions. Les pays riches refusent de débloquer l’argent et appliquent des politiques austéritaires, signalant à leurs citoyen·nes que les ressources sont trop rares pour investir davantage dans les services publics, la sécurité sociale ou l’action climatique – une affirmation erronée qui empêche d’accélérer la transition vers les énergies renouvelables.
Comme l’a laissé entendre la déclaration des leaders du G20, taxer les ultra-riches, les transactions financières, les secteurs de l’aviation, du transport maritime et des industries extractives pourrait rapporter des milliers de milliards de dollars par an, ce qui permettrait de débloquer des fonds essentiels pour financer la lutte contre le changement climatique, renforcer les services publics et de soutenir des communautés plus équitables et durables.
Cette COP29 s’achève au terme d’une année record en termes d’impacts climatiques, avec une hausse des températures, des inondations, des ouragans, des sécheresses et des feux de forêt qui ont détruit des communautés et des écosystèmes dans le monde entier. Chaque dixième de degré de réchauffement compte, et nous ne pouvons plus retarder l’action climatique si nous voulons maintenir l’espoir de limiter l’augmentation de la température mondiale à 1,5°C.
Face à l’échec des gouvernements, les mouvements sociaux font preuve de leadership et proposent des solutions en matière d’énergies renouvelables qui sont gérées au niveau local par les communautés elles-mêmes. Les groupes autochtones du Brésil souhaitent co-diriger la COP30 à Belém, en Amazonie brésilienne, aux côtés du gouvernement brésilien l’année prochaine, tenant compte du fait qu’ils sont les gardiens de nos écosystèmes et qu’ils sont à l’avant-garde des solutions en matière de climat. En parallèle, la société civile du monde entier est descendue dans la rue pour demander aux responsables politiques du monde entier d’agir, pour exiger des personnes et des entreprises les plus riches et les plus polluantes de payer leur dû, et pour obtenir des investissements massifs dans le développement des énergies renouvelables.
Ilan Zugman, Directeur de 350.org pour l’Amérique latine et les Caraïbes :
« Après trois ans de négociations climatiques de l’ONU plombés par l’influence des géants des fossiles, il est temps de rectifier le tir. La COP de l’année prochaine en Amazonie brésilienne offre une occasion unique de mettre au premier plan les populations, les solutions climatiques et les énergies renouvelables abordables. Les populations autochtones du Brésil montrent la voie, mais il faut que le gouvernement brésilien leur emboîte le pas. Le président Lula doit s’imposer comme un véritable leader en matière de climat, en mettant de côté les intérêts des industries fossiles, et en cessant d’investir dedans mais aussi en veillant à ce que l’inévitable révolution vers les énergies renouvelables soit menée par les communautés, et non par les entreprises.»
La COP30 qui se tiendra l’année prochaine au Brésil est attendue comme un moment phare pour démontrer la force et la solidarité sans précédent entre les populations autochtones, les petits États insulaires en développement, les communautés du Sud global et le mouvement climat international. Après l’échec de la COP29 à répondre à l’urgence climatique, tous les regards se tournent désormais vers le Brésil, comme la prochaine destination pour se battre pour la justice climatique, les droits humains et une coopération internationale robuste.
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Notes aux rédactions :
Des porte-parole sont disponibles sur demande à Bakou et à distance.
350.org est un mouvement populaire mondial qui se consacre à mettre fin à l’ère des énergies fossiles et à bâtir un monde alimenté par des sources d’énergies renouvelables gérées par des communautés et accessibles à tou·tes. En avril 2025, 350.org organisera une formation afin de déclencher une nouvelle vague de campagnes et de mobilisations axées sur les solutions. Aux côtés de nos partenaires, nous faisons campagne pour mettre en place des solutions d’énergie renouvelable centrées sur les communautés et pour mettre en œuvre un impôt mondial sur la fortune ciblant les milliardaires et les pollueurs afin de financer ces solutions.
L’évaluation par 350.org des résultats de la COP29 en quelques mots :
- Objectifs en matière d’atténuation et d’énergie : La majorité des pays, tant développés qu’en développement, ont cherché à élaborer sur la décision de la COP28 d’éliminer progressivement les énergies fossiles. Toutefois, un petit groupe de pays, emmené par l’Arabie saoudite, a fait dérailler les progrès réalisés à Bakou. Bien que les discussions n’aient pas abouti à des résultats tangibles, le mouvement climat exigera des pays qu’ils fassent preuve d’ambition climatique lorsqu’ils définiront leurs contributions déterminées au niveau national (CDN), qui doivent inclure des objectifs solides en matière d’énergie.
Campagnes de 350.org et actions COP29 et G20 :
Malgré des résultats peu ambitieux de la COP en elle-même, les campagnes de 350.org lancées lors de la COP29, telles que l’Énergie du Peuple [Energia dos Povos] et Taxons leurs milliards, ont suscité un soutien mondial en faveur de solutions équitables et centrées sur les populations. Ces campagnes visent à transférer la charge de l’action climatique sur les plus pollueurs tout en assurant une transition équitable vers les énergies renouvelables pour les communautés en première ligne des impacts climatiques. Alors que les yeux vont désormais se tourner vers la COP30 au Brésil, le message est clair : les gouvernements peuvent tenter de gagner du temps, mais les solutions portées par les citoyen·nes existent et sont plus fortes que jamais.