Une vague mondiale d’actions directes et pacifiques ciblant les projets de combustibles fossiles les plus dangereux de la planète a déferlé sur tous les continents pendant douze jours
PERSONNE À CONTACTER: Nicolas Haeringer, [email protected], +33650861259; Melanie Mattauch, [email protected], +4915158120184
LIENS VERS LES PHOTOS ET LES VIDÉOS :
Des photos de toutes les actions sont disponibles ici : breakfree2016.org/pressphoto
Des vidéos de toutes les actions sont disponibles ici : breakfree2016.org/pressvideo
INTERNATIONAL – Le rideau vient de tomber sur les douze jours d’actions mondiales sans précédent contre les combustibles fossiles. Ils démontrent que le mouvement climatique ne s’arrêtera que lorsque la décision aura été prise de laisser tout le charbon, le pétrole et le gaz sous terre. Les efforts coordonnés livrés par les activistes sur tous les continents menacent désormais sérieusement le futur d’une industrie fossile déjà rongée par l’incertitude financière et politique.
Des dizaines de milliers d’activistes ont envahi les rues, occupé des mines, bloqué des voies ferrées, formé des chaînes humaines, vogué en kayak et organisé des réunions locales dans treize pays, repoussant les limites de la protestation traditionnelle pour inventer de nouvelles formes d’action afin d’exiger que le charbon, le pétrole et le gaz restent sous terre. Les participants ont risqué l’arrestation (souvent pour la première fois de leur vie) afin d’affirmer qu’il est temps de se libérer du paradigme énergétique actuel qui met la planète sur la voie d’un changement climatique catastrophique.
Deux grands facteurs sont à l’origine de cette vague de manifestations sans précédent : d’un côté, l’accélération soudaine et spectaculaire du réchauffement de la planète (chaque mois de l’année 2016, de nouveaux records sont pulvérisés) et de l’autre, le fossé croissant entre les ambitions climatiques déclarées des gouvernements et leur obstination avérée à approuver de nouveaux projets de combustibles fossiles. Le dernier jour de la mobilisation, un site majeur de surveillance situé en Tasmanie a enregistré pour la première fois une concentration de dioxyde de carbone supérieure à 400 parties par million dans l’atmosphère.
Ces actions se sont inscrites dans le cadre de Libérons-nous des énergies fossiles, qui traduit la nécessité de mettre un terme à notre dépendance actuelle aux combustibles fossiles au profit d’un système mondial d’approvisionnement en énergie 100 % renouvelable. En 2015, les énergies renouvelables ont représenté 90 % de la nouvelle capacité énergétique, ce qui démontre qu’une transition rapide et totale vers ce mode d’énergie est maintenant à portée de main.
Encouragés par les impacts de plus en plus visibles du réchauffement – montée du niveau des mers, multiplication des sécheresses et intensification des tempêtes –, les citoyens qui ont rejoint Libérons-nous des énergies fossiles poursuivront leur engagement lors de la phase suivante du mouvement, qui s’annonce plus retentissante, plus perturbatrice de l’ordre établi et plus puissante que jamais
MOMENTS FORTS :
- Des milliers de personnes de toute la planète ont risqué l’arrestation pendant les actions, souvent pour la première fois.
- D’après les médias, des cargaisons de charbon d’une valeur de 20 millions de dollars ont été bloquées par des activistes paralysant le plus vaste port charbonnier du monde, à Newcastle, en Australie.
- La plus grande mine de charbon à ciel ouvert du Royaume-Uni a été paralysée pendant une journée.
- Des centaines de manifestants se sont insurgés contre la famille la plus puissante d’Afrique du Sud lors d’une marche à la fin de laquelle du charbon a été déposé sur le seuil de sa résidence alors que la famille avait essayé de museler la société civile en incitant la police à révoquer l’autorisation de la marche.
- Des dizaines de personnes ont occupé des voies ferrées pendant une nuit sur les deux côtes des États-Unis. Elles ont ainsi empêché les « trains explosifs » chargés de pétrole de traverser des quartiers, en passant notamment à moins de 30 mètres de logements publics à loyer modéré à Albany (État de New York).
- En Allemagne, 3 500 personnes ont bloqué l’un des principaux émetteurs de CO2 d’Europe, en occupant pendant plus de 48 heures une mine de lignite et la centrale voisine, dont la capacité a été réduite de 80 %.
- 10 000 manifestants sont descendus dans les rues pour s’opposer à un projet de centrale à charbon à Batangas, aux Philippines.
- À Jakarta, 3 000 personnes armées de sifflets ont envoyé un message assourdissant au président indonésien pour protester contre le charbon. Quelques jours plus tard, douze activistes ont escaladé des grues alimentant la centrale de Cirebon en charbon avant de déployer des banderoles exigeant l’abandon du charbon et revendiquant une énergie et un air propres.
- Des membres de la population locale ont bloqué la circulation à l’extérieur des grilles de la principale centrale à charbon du Brésil, à Ceará.
- Sur l’eau et sur la terre ferme, des communautés autochtones et des activistes locaux ont paralysé l’installation d’exploitation des sables bitumineux de Kinder Morgan dans le Grand Vancouver, au sein des territoires appartenant légalement aux Salish de la côte.
- Plus de 150 activistes locaux ont participé à une marche et pris le contrôle de l’entrée de deux raffineries de combustibles fossiles, qui produisent impunément les plus importantes émissions de dioxyde de carbone du nord-ouest des États-Unis.
- À Aliağa, en Turquie, 2 000 personnes ont participé à une marche jusqu’aux grilles du plus grand site de stockage de résidus de charbon de la région d’Izmir, qu’elles ont entouré d’une gigantesque ligne rouge symbolisant la nécessité de renoncer aux énormes projets d’extension des infrastructures charbonnières dans le pays.
PRÉSENTATION DÉTAILLÉE DES ACTIONS :
3 mai : Pays de Galles – Royaume-Uni
300 personnes ont mis à l’arrêt la plus grande mine de charbon à ciel ouvert du Royaume-Uni, à Ffos-y-fran au sud du Pays de Galles. La majorité des participants à cet événement, la plus vaste action de masse dans une mine de charbon britannique de l’histoire, n’avaient jamais pris part à une action climatique. L’occupation et le blocus se sont achevés au bout de douze heures sans qu’aucune arrestation n’ait été à déplorer.
4 et 14 mai : Philippines
Quelque 10 000 personnes ont défilé dans les rues de Batangas pour protester contre un projet de centrale à charbon de 600 MW et exiger l’annulation de 27 autres projets similaires dans le pays. Lors de la marche, dirigée par Monseigneur Ramon Arguelles, archevêque de l’Église catholique romaine de Lipa, étaient également présents des activistes de nombreuses organisations ainsi que des milliers de personnes issues des communautés victimes de l’industrie houillère. Quelques jours plus tard, des centaines de membres de la population locale ont manifesté à Calaca pour s’opposer au projet d’agrandissement de la centrale à charbon dans cette municipalité.
5-15 mai : États-Unis
À Sacramento, des membres de la population locale de la Central Valley ont pris leurs quartiers devant le bureau du gouverneur Brown. À Philadelphie, des centaines de citoyens ont participé à une marche à destination de la plus grande raffinerie de la côte Est. Dans le Colorado, des centaines de personnes ont perturbé la vente aux enchères de terrains publics destinés à l’extraction de combustibles fossiles. Sept d’entre elles ont organisé un sit-in bloquant l’accès à la salle où se tenait la vente. Plus de 2 000 manifestants ont dénoncé la pollution engendrée par les raffineries du Nord-Ouest Pacifique et ont bloqué des trains transportant du pétrole pendant trois jours complets, ce qui a conduit à au moins 52 arrestations. À Albany, 2 000 personnes ont entrepris une marche et paralysé les « trains explosifs », une opération qui s’est soldée par cinq arrestations. Des centaines de personnes ont occupé un site proche de Denver qui pourrait être voué à la fracturation hydraulique. En Californie, des dizaines de personnes ont barré la route menant aux installations gazières de Porter Ranch, lieu de la plus importante fuite de méthane de l’histoire des États-Unis. 1 300 personnes ont formé un cortège à Washington avec à sa tête les membres des populations en première ligne et ont appelé le président Obama à mettre fin au forage en haute mer. En périphérie de Chicago, 1 500 personnes ont protesté contre le projet d’expansion de la raffinerie BP de Whiting.
6-13 mai : Nouvelle-Zélande
Pendant plusieurs jours consécutifs, des dizaines de personnes ont bloqué les agences de Christchurch, Wellington, Auckland et Dunedin de la banque ANZ, en exhortant cette dernière à désinvestir des combustibles fossiles.
8 mai : Australie
Une armada de kayaks a barré l’entrée du port de Newcastle, tandis que 70 personnes bloquaient un passage à niveau essentiel ; toute entrée de charbon dans le port a ainsi été interdite pendant plus de six heures. Au total, 2 000 personnes ont pris part à cette action qui a paralysé le plus grand port charbonnier du monde pendant une journée et empêché l’expédition de près de deux mégatonnes de charbon. Dans l’ouest de l’Australie, plus de 150 personnes ont occupé le siège de BP et de Chevron, en bloquant un carrefour très fréquenté. L’opération s’est soldée par deux arrestations.
9-14 mai : Brésil
Dans le cadre d’une série d’événements contre la fracturation hydraulique, plus de 300 personnes ont défilé dans les rues d’Umuarama, dans l’État du Paraná. Le cortège a rejoint l’hôtel de ville, où était voté un projet de loi d’interdiction de la fracturation hydraulique dans la ville. En présence des manifestants, les conseillers municipaux ont décidé à l’unanimité de bannir la fracturation hydraulique d’Umuarama. Ensuite, le 14, plus de 500 personnes ont défilé sur l’autoroute qui est empruntée pour acheminer le charbon vers une centrale à Ceará. La marche comptait dans ses rangs des membres de vingt municipalités et de quatre groupes ethniques autochtones (Anacé, Pitaguary, Tapeba et Tremembé), des pêcheurs et des habitants du littoral, des agriculteurs et des habitants de villes de l’intérieur des terres qui sont gravement touchées par la sécheresse.
10-14 mai : Nigéria
Une coalition d’organisations luttant pour la justice climatique a rencontré des représentants de la communauté pétrolière à Oloibiri, site du premier puits de pétrole nigérian, avant de se rendre en territoire ogoni et à Ibeno. Le but était d’expliquer le rôle des combustibles fossiles dans le changement climatique, d’appeler à la fin de la dépendance économique du Nigéria au pétrole et de réduire les effets néfastes du changement climatique. Les activistes ont également exigé l’arrêt de la pollution extrême liée aux déversements incessants de pétrole et aux décharges toxiques dans le delta du Niger. Lors de la dernière action menée à Ibeno, des pêcheurs ont réclamé l’arrêt de l’extraction du pétrole, en soulignant que le poisson est beaucoup plus précieux que le pétrole brut.
11-15 mai : Indonésie
Plus de 3 500 personnes ont défilé dans les rues de Jakarta en brandissant des banderoles avec des slogans tels que « Non aux investissements dans l’énergie polluante » et « Stop à la pollution, Stop au charbon ». Leur objectif était d’appeler le président Joko Widodo à entreprendre la transition du charbon vers les énergies renouvelables en Indonésie, pays figurant parmi les principaux producteurs de charbon du globe. Le 15 mai, douze activistes de Greenpeace ont paralysé la centrale à charbon de Cirebon pendant douze heures et suspendu des banderoles arborant les slogans « Renoncez au charbon » et « Énergie propre, air propre » aux deux grues approvisionnant le terminal en charbon.
12-14 mai : Afrique du Sud
200 personnes représentant les communautés touchées, dont des agriculteurs et des particuliers, se sont réunies pour parler des réalités de la vie quotidienne dans la ville d’Emalahleni – nom que l’on peut traduire littéralement par « site de charbon » –, dont l’air est le plus pollué du monde. Un piquet de 45 personnes a été mis sur pied à proximité de la mine de charbon de Medupi d’Exxaro à Lephalale, où sera bâtie l’une des plus vastes centrales à charbon de la planète. 400 participants ont également pris part à la « marche nationale du pain » pour protester contre la hausse du coût des denrées alimentaires résultant de la forte sécheresse qui frappe le pays. Pour terminer, en dépit des efforts de la famille Gupta pour neutraliser une action de grande ampleur aux abords de leur résidence, des centaines de personnes se sont retrouvées au Zoo Lake voisin pour dénoncer la corruption liée aux accords miniers. 15 personnes ont déposé un cercueil rempli de charbon sur le pas de la porte de la demeure des Gupta.
13-15 mai : Allemagne
Plus de 3 500 activistes venus de toute l’Europe ont paralysé la mine de charbon à ciel ouvert de Welzow-Süd, dans le bassin houiller de Lusace. Tandis que des centaines d’activistes pénétraient dans la mine, d’autres bloquaient les convois et les bandes transporteuses alimentant les centrales en charbon. Environ 300 personnes ont maintenu le blocus pendant toute la nuit. Le 14 mai, 2 000 autres activistes ont totalement interrompu l’approvisionnement en charbon de la centrale de Schwarze Pumpe. Environ 120 personnes ont été arrêtées, avant d’être libérées le lendemain. L’occupation de cinq autres sites s’est poursuivie toute une nuit supplémentaire. Les militants ont mis fin au blocus de la centrale le dimanche 15 mai, après plus de 48 heures d’arrêt.
14 mai : Canada
Plus de 800 personnes sont passées à l’action pour encercler l’installation de Kinder Morgan sur le territoire des Salish de la côte. Sur la terre ferme, des activistes ont fixé des messages aux grilles de l’infrastructure, organisé un sit-in et réalisé une peinture murale géante. Sur l’eau, une véritable armada de kayaks s’est abattue sur le terminal pétrolier associé au pipeline.
14 mai : Équateur
Le groupe Yasunidos a occupé le terrain de près de 500 hectares destiné à la construction d’une raffinerie de pétrole baptisée Refinería del Pacífico, où l’Équateur compte traiter le pétrole provenant du parc national de Yasuni. Yasunidos a planté un arbre dans la zone et est parvenu à rester environ trois heures sur les lieux, après avoir franchi pacifiquement le contrôle de sécurité. Depuis cette action, les membres de l’organisation sont harcelés et discrédités publiquement par le gouvernement du président Correa et les partisans du projet de combustibles fossiles.
15 mai : Turquie
Des chefs de file de populations locales ont pris la tête d’une marche au cours de laquelle 2 000 personnes ont rejoint un site de stockage de résidus de charbon à Aliağa et appelé à renoncer à quatre projets de combustibles fossiles dans les environs. Les activistes ont formé une chaîne humaine formant le mot « Dur » (« Stop » en turc).
DÉCLARATIONS:
« Alarmés par la montée des températures du globe, des citoyens passent à l’action. Sur tous les continents, des activistes marquent leur opposition au statu quo en repoussant les limites de la protestation traditionnelle pour exiger que les combustibles fossiles restent sous terre. Tandis que des communautés du monde entier subissent personnellement les conséquences du changement climatique et les ravages de l’industrie fossile, des citoyens ordinaires rejoignent la lutte dont dépend la survie de l’humanité. Il ne tient qu’à nous de nous libérer des énergies fossiles et d’accélérer la transition socialement juste vers une énergie 100 % renouvelable. » Payal Parekh, directrice de programme pour 350.org.
« Sachant que 2016 s’annonce comme une année de records de températures jamais enregistrées, il est extrêmement réconfortant de voir que des citoyens de tous les horizons se soulèvent pour réclamer un changement. » Bill McKibben, cofondateur de 350.org
« L’Asie du Sud-Est est l’un des principaux champs de bataille de notre combat contre les combustibles fossiles. Nous ne pouvons pas nous permettre de céder aux diktats de ceux qui privilégient les profits au détriment des personnes et préfèrent piller l’environnement plutôt que le protéger. » Yeb Saño, directeur exécutif de Greenpeace Asie du Sud-Est. « Tandis que nos communautés s’élèvent contre cette dépendance au charbon, nous espérons être à l’origine d’un vaste mouvement populaire partout dans le monde. Libérons-nous des énergies fossiles est un souffle d’espérance pour toutes les populations qui s’opposent à l’expansion implacable de l’industrie fossile en dépit du changement climatique. » Yeb Saño, directeur exécutif de Greenpeace Asie du Sud-Est.
« Chaque tonne de charbon qui est extraite du sol est une tonne de trop. Nous tirons dès à présent la poignée d’arrêt d’urgence. Nous ne laisserons pas une seconde de plus les gouvernements et les entreprises aux commandes de l’action pour le climat. Désormais, nous prenons notre destin en main. » Hannah Eichberger, Ende Gelände (Jusqu’ici et pas plus loin), une alliance populaire contre le charbon
« Libérons-nous des énergies fossiles est un plaidoyer pour la vie et pour la planète. L’Accord de Paris signé par les dirigeants du monde n’a pas tenu compte du fait que la consommation des combustibles fossiles est la première cause du réchauffement climatique. Lors de ces actions, des citoyens de toute la planète insisteront sur la nécessité de mettre fin à notre dépendance aux énergies fossiles. » Nnimmo Bassey, activiste nigérian de la Health of Mother Earth Foundation
« Le mouvement mondial en faveur de la justice climatique est en pleine ascension. Mais c’est également le cas des océans et des températures sur la planète. Il s’agit d’une course contre la montre. Notre mouvement est plus fort que jamais, mais pour déjouer les pronostics, il doit encore gagner en vigueur. » Naomi Klein, journaliste et auteure primée
« Le pouvoir citoyen dans nos villes et nos villages et aux premières lignes du changement climatique a conduit à la signature d’un accord climatique mondial. Nous n’en restons toutefois pas là : une action plus puissante et plus rapide est nécessaire. La société civile est prête à monter une nouvelle fois au créneau, à lutter pour que nos sociétés se libèrent des énergies fossiles, à assurer une transition encore plus rapide vers un modèle juste basé sur des énergies 100 % renouvelables. » Wael Hmaidan, directeur du Climate Action Network