19 novembre, 2024

La déclaration finale du G20 appelle à des financements climat massifs, mais échoue sur les principes d’équité et de justice.

Rio de Janeiro, Brésil. Lors du sommet des dirigeants du G20, la déclaration finale publiée lundi soir (18/11) a réaffirmé la nécessité de mobiliser des milliers de milliards de dollars pour financer l’action climatique et a exprimé l’espoir d’obtenir un nouvel objectif financier ambitieux à la COP29 en Azerbaïdjan d’ici la fin de cette semaine. Cependant, cette déclaration n’appelle pas explicitement à mobiliser des financements publics sous forme de dons, une revendication pourtant cruciale des pays en développement.

Bien que les gouvernements du G20 aient réitéré l’importance de l’Accord de Paris pour limiter le réchauffement global et rappelé l’engagement pris à la COP28 de tripler la capacité d’énergies renouvelables d’ici 2030, ils ont omis de mentionner spécifiquement l’urgence de sortir de toutes les énergies fossiles.

Par ailleurs, les chef·fes d’État ont collectivement exprimé leur soutien à une taxation des « individus ultra-riches », reprenant une décision de leurs ministres des Finances en juillet. La déclaration reconnaît la nécessité de réformer les règles financières internationales et souligne la responsabilité des pays les plus riches de soutenir les pays en développement dans leur transition énergétique. Cependant, des questions subsistent quant à la structure précise de ces financements climat.

Cette prise de position conforte un peu plus encore l’idée que taxer les ultra-riches est une solution pour financer une transition mondiale juste et réduire les inégalités. Une taxe sur les milliardaires permettrait de financer le passage équitable et juste des énergies fossiles vers des énergies renouvelables sûres, mais aussi la réponse aux pertes et dommages.

Une demande mondiale pour une justice climatique

Partout dans le monde, les citoyen·nes réclament que les gouvernements s’engagent lors de la COP29 en faveur d’un objectif d’au moins 1 000 milliards de dollars par an de financement climat de qualité. Ce week-end, des milliers de militant·es dans plus de 26 pays sont descendu·es dans la rue pour exiger la justice climatique. À travers des marches, des actions créatives et des performances dans des villes comme Rio de Janeiro, Paris et Munich, ils ont braqué les projecteurs sur les milliardaires, exigeant des gouvernements de “taxer leurs milliards” pour débloquer les fonds nécessaires à la lutte contre la crise climatique.

Déclarations des porte-parole de 350.org

Ilan Zugman, directeur pour l’Amérique latine chez 350.org :
« Sous la présidence brésilienne, le G20 a montré des signes de leadership et pourrait ouvrir la voie à un accord financier transformateur à la COP29. Ce financement, qui doit atteindre au moins 1 000 milliards de dollars par an, reste une goutte d’eau par rapport à ce que les gouvernements paient déjà et à ce que les populations subissent à travers le monde. Mais il est impératif que cet argent provienne de sources publiques sous la forme de dons, et non de financements privés, qui font passer les profits avant les besoins humains fondamentaux.

Pour que le Brésil devienne un véritable leader du climat, le président Lula doit s’engager à ne plus approuver de nouveaux projets pétroliers ou gaziers en Amazonie et garantir des investissements dans des initiatives d’énergie renouvelable dirigées par les communautés locales. L’accord sur les importations de gaz signé avec l’Argentine pendant le sommet du G20 est en contradiction avec le niveau d’ambition attendu de la part de la future présidence de la COP30. »

 

Khaliel Moses, 350.org Afrique du Sud :
« Nous appelons l’Afrique du Sud à défendre une hausse des financements climat pour atteindre les milliers de milliards nécessaires à une action climatique équitable et à continuer de porter la proposition brésilienne de taxer les ultra-riches. Ces fonds, souvent utilisés pour acheter des yachts ou financer des groupes d’influence d’extrême droite, pourraient soutenir directement des initiatives locales comme REPower Afrika, qui répond à un déficit d’accès à l’énergie tout en favorisant un développement durable et résilient aux impacts climatiques.

L’Afrique du Sud a l’opportunité d’affirmer un modèle de leadership audacieux, en utilisant sa présidence du G20 pour garantir des politiques et des ressources en soutien aux communautés économiquement marginalisées et démontrer la capacité d’innovation africaine au service de la transition énergétique et de la justice climatique. »

 

Kate Blagojevic, directrice associée des campagnes européennes chez 350.org :
« Dans un élan positif, malgré un contexte politique difficile, les dirigeants du G20 se sont mis d’accord sur l’une des solutions les plus logiques aux crises qui agitent le monde : taxer les milliardaires pour financer l’action climatique. Ces gouvernements doivent maintenant passer des paroles en actes. Pour aller chercher cet argent dans le portefeuille des ultra-riches, ils doivent travailler avec la future présidence sud-africaine du G20 pour établir des règles claires et mettre fin aux niches fiscales qui profitent aux ultra-riches, mais aussi mettre en place des impôts sur la fortune des milliardaires.

Nous veillerons à cela et continuerons, plus fort·es et plus uni·es que jamais, à demander des comptes à nos responsables politiques et aux milliardaires. »

FIN DU COMMUNIQUÉ

Notes aux rédactions :

    • Une étude de Nature Climate Action estime que les pays en développement ont besoin de 1 à 1,5 trillion de dollars par an sous forme de dons pour atteindre leurs objectifs climatiques.
    • Selon un sondage Ipsos réalisé dans les pays du G20 en juin, 67 % des personnes estiment qu’il existe trop d’inégalités économiques et 70 % soutiennent que les riches devraient payer des impôts plus élevés.
    • 350.org a récemment lancé le Dossier Taxons leurs milliards (disponible en ENDE et PT), qui met en lumière huit milliardaires comme exemples d’une classe ultra-riche sous-taxée. Ce rapport justifie pourquoi ils doivent contribuer à résoudre la crise climatique et présente les avantages concrets d’une taxation accrue des grandes fortunes.
    • Des actions ont eu lieu dans 26 pays pendant la COP29 pour réclamer un engagement financier d’au moins 1 000 milliards de dollars par an.

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