10 septembre, 2020

Les Européen·ne·s appellent la BCE à ne plus ignorer le climat

Alors que le Conseil des gouverneurs de la Banque centrale européenne (BCE) se réunit de nouveau aujourd’hui pour discuter de sa réponse à la crise du Covid-19, et que la Banque est en train de procéder à une « révision stratégique » (1) de sa politique, les Européen·ne·s se sont massivement exprimé·e·s en faveur de réformes exigeant que la BCE cesse de soutenir les entreprises polluantes (2) et prenne des mesures concrètes pour répondre à l’urgence climatique.

Dans une enquête menée par des ONG auprès de plus de 24 000 Européen·ne·s, 81 % des personnes interrogées (3) ont indiqué que les questions climatiques, environnementales et sociales devraient être une priorité pour la banque centrale, et presque 100 % veulent que la BCE prête plus d’attention à ces sujets.

Ce sondage a été réalisé pour permettre aux citoyen·ne·s de s’exprimer librement sur les principaux thèmes de l’évaluation stratégique de la BCE.

« Cette enquête a donné la possibilité à des milliers de personnes d’exprimer leur point de vue sur l’évaluation stratégique de la BCE, alors que la Banque se réfugie derrière une consultation inaccessible et complexe (4) pour reporter toute action réelle de lutte contre la crise climatique. Les résultats montrent que les Européen·ne·s veulent que leur banque centrale agisse pour, et non contre, la justice climatique, et qu’elle contribue à créer un système socioéconomique plus juste au sortir de la crise du Covid-19 », commente Nick Bryer, chargé de campagne chez 350.org.

79 % des personnes interrogées considèrent qu’elles ne sont pas suffisamment informées des actions de la BCE. Presque toutes souhaitent plus de transparence, via à l’adoption de critères environnementaux, éthiques et sociaux clairs, et la publication d’informations détaillées, notamment sur le climat et l’environnement.

« Les gens ne veulent pas revenir à la “normale” si la “normale” consiste pour la BCE à nier l’urgence climatique et à renforcer les inégalités qui divisent profondément nos sociétés. La Banque ne peut plus ignorer les préoccupations environnementales et sociales des Européen·ne·s, elle doit travailler de manière transparente et véritablement inclusive. Elle doit fixer des critères environnementaux, éthiques et sociaux clairs, en commençant par exclure de ses achats d’actifs les entreprises fossiles (et celles qui sont impliquées dans la fabrication d’armes létales et des violations de droits humains). Nous exigeons des politiques qui bénéficieront aux populations à et notre planète. », conclut Leyla Larbi, chargée de campagne chez SumOfUs. 

Plus de 138 000 personnes (5) ont signé la pétition lancée par SumOfUs, 350.org et Reclaim Finance pour exiger de la BCE qu’elle cesse immédiatement de financer les entreprises polluantes.

« Les mots ne suffiront pas à protéger le climat et les populations. Que la BCE admette que ses achats d’actifs doivent être reconsidérés face à l’urgence climatique (6) ne sert à rien si elle continue d’ignorer les appels citoyens exigeant la fin des énergies fossiles et d’attendre la fin de son évaluation stratégique pour agir. Si nous voulons empêcher que la BCE achète 1 700 milliards d’euros d’actifs d’entreprises polluantes en 2020-21 (7), notamment de géants pétroliers comme Shell et Total, nous avons besoin d’une action immédiate », commente Paul Schreiber, chargé de campagne chez Reclaim Finance. 

Contacts

  • Paul Schreiber, chargé de campagne, Reclaim Finance, +33 6 89 02 07 88, [email protected]
  • Mark Raven, chargé des communications en Europe, 350.org, +44 20 7097 3819, [email protected]
  • Leyla Larbi, chargée de campagne, SumOfUs, +33 7 5096 0130, [email protected]
  1. La BCE a indiqué qu’elle réévaluait ses programmes d’achats d’actifs dans le cadre d’une évaluation stratégique de sa politique. Cette évaluation ne prendra pas fin avant mi-2021 et sera probablement prolongée à cause de la crise actuelle. L’institution a d’ores et déjà décidé que la consultation publique resterait ouverte jusqu’à fin octobre, et non fin août comme prévu initialement. Dans tous les cas, elle n’aura aucun effet concret avant 2022.
  2. Les achats d’actifs bénéficient à 38 entreprises de l’industrie fossile, dont 10 dans le charbon et 24 dans le gaz, qui exploitent de nombreuses infrastructures dans le monde et prévoient de développer 62 nouveaux projets gaziers. Voir : https://reclaimfinance.org/site/wp-content/uploads/2020/05/Rapport-Quantitative-easing-le-sales-secret-de-la-BCE-RF.pdf et https://reclaimfinance.org/site/wp-content/uploads/2020/09/RF-QE-et-climat-2-La-BCE-alimente-la-frenesie-gaziere.pdf
  3. Plus de 24 000 personnes ont répondu à une enquête réalisée par Reclaim Finance, SumOfUs et 350.org, et inspirée de la consultation publique de la BCE sur son évaluation stratégique. À titre de comparaison, les consultations de l’UE attirent généralement peu de participants, à peine quelques centaines, rarement plus d’un millier.
  4. https://www.ecb.europa.eu/home/search/review/html/form.fr.html
  5. La pétition a été lancée en mai 2020, suite à la publication d’un rapport de Reclaim Finance sur les achats d’actifs de la BCE qui soutiennent l’industrie fossile : https://reclaimfinance.org/2020/05/18/quantitative-easing-et-climat-le-sale-secret-de-la-banque-centrale-europeenne/
  6. Voir l’interview de Christine Lagarde dans le Financial Times et à la télévision française. La BCE a récemment mis à jour sa FAQ sur le CSPP, qui indique à présent (traduit de l’anglais) : « La BCE est d’avis qu’une sensibilisation aux enjeux environnementaux et qu’un comportement éthique et socialement responsable sont importants pour la société. Elle soutient activement plusieurs initiatives en ce sens, en plus des achats d’obligations vertes au titre du CSPP. »
  7. Avant la crise du coronavirus, la BCE prévoyait d’acheter 240 milliards d’actifs en 2020. Durant la crise, elle a d’abord décidé d’acheter 120 milliards supplémentaires, avant de créer un programme spécial d’achat d’urgence face à la pandémie (PEPP) qui lui permet – suite à deux décisions – d’acheter 1 350 milliards d’euros d’actifs en 2020-2021.
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