En Seine-Saint-Denis se tiendra en décembre prochain la Conférence des Nations Unies sur les changements climatiques, nous ne savons que trop bien le peu qu’il y a à espérer de la COP21, comme des 20 précédentes. La COP21 a déjà commencé en banlieue parisienne avec un nettoyage urbain en cours, pour ne pas troubler les mondanités de décembre : expulsion d’habitant·e·s de bidonvilles abusivement appelé·e·s “roms”, de migrant·e·s et augmentation des contrôles policiers.
Oui nous sommes tou·te·s impacté·e·s par les effets du changement climatique mais pas de manière égale; l’air est incontestablement plus pur ailleurs. Il n’y aura pas de justice climatique sans sortir du système raciste, capitaliste, impérialiste et patriarcal dans lequel nous vivons. Les petits gestes ‘verts’ du quotidien ne suffisent pas, il faut des actes politiques forts et ambitieux, pour permettre que tou.te.s aient accès à une énergie 100% renouvelable et abordable à une agriculture biologique durable et économiquement abordable. Enfin, la justice climatique passe aussi par l’arrêt des guerres, ingérences et déstabilisations (néo)coloniales ainsi que de la captation des richesses et des ressources des pays des Suds.
C’est parce que nous luttons tous les jours contre ce système qui fait de nous des Citoyen·ne·s de troisième zone, que nous nous mobilisons et réclamons la justice climatique.
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Texte intégral
Associations, collectifs ou citoyen·ne·s qui travaillons pour la survie de nos communautés, avons été exclu·e·s et invisibilisé·e·s des politiques climatiques et des mise en oeuvres contre le changement climatique. Nous prenons la parole pour mettre au centre les plus précaires et vulnérables.
Nous voulons réclamer la justice climatique, une justice qu’on ne peut pas construire sans sortir du système raciste, capitaliste et patriarcal actuel. Il ne s’agit pas de réduire la question environnementale à “manger du quinoa bio ou pas”, “aller au travail en vélo ou pas”, ou au débat “centrale nucléaire ou pétrole” mais de penser une réponse systémique à ce problème.
Pas de justice climatique sous le capitalisme : les logements insalubres et précaires, font des plus défavorisé·e·s les plus vulnérables à la pollution, aux intempéries et à la canicules. En France, la plupart ne peuvent avoir accès à une alimentation de qualité et produite sans l’exploitation des agricultrices et agriculteurs.
Pas de justice climatique sous le patriarcat : les femmes des pays des Suds sont les plus touchées par les catastrophes naturelles et le changement climatique, étant les plus vulnérables. Les effets du changement climatique ont des conséquences désastreuses sur leur santé ; leurs charges financières augmentent, et cela peut déclencher des troubles sociaux et culturels.
Pas de justice climatique sous le système raciste : le discours sur le climat est monopolisé par des groupes où les personnes racisées et/ou des quartiers populaires sont quasi absentes et invisibilisées. Cette situation conduit de fait à construire des réponses qui ne prennent pas en compte les premier·e·s impacté·e·s.
Pas de justice climatique sous l’impérialisme : les pays occidentaux continuent de construire leur développement capitaliste sur l’exploitation des peuples des Suds à travers des politiques néo-coloniales qu’ils mènent directement ou sous-traitent aux organisations internationales gouvernementales.
Le changement climatique n’est pas une question de responsabilité individuelle mais la conséquence d’un système capitaliste néocolonial, qui renforce les inégalités aux niveaux global (entre les pays des Suds et les pays occidentaux) et local (entre les riches et les pauvres d’un pays). Quand on sait que « 90 entreprises sont à l’origine des deux tiers des émissions mondiales de gaz à effet de serre », que chacun·e fasse de petits gestes pour le climat ne suffira pas, il faut des actes politiques ambitieux pour sortir d’un système basé sur des institutions racistes, patriarcales et capitalistes. Trois enjeux sont d’une urgence vitale tant leurs conséquences sont mortifères :
– L’accès à une énergie 100% renouvelable et abordable pour tou·te·s. Pour cela, un arrêt des subventions à l’industrie fossile est nécessaire, ainsi que le gel de l’extraction. Nous devons renoncer à exploiter 80% de toutes les réserves de combustibles fossiles.
– La sécurité alimentaire à travers une agriculture biologique durable et économiquement abordable pour tou·te·s. La labellisation « bio » se concentre seulement sur la question de ce « avec quoi » l’aliment est produit, alors qu’il faudrait inclure les questions d’utilisation de l’eau et des sols, celle des émissions liées à la livraison ou encore celle de l’impact social et économique pour les salarié·e·s. Les pays des Suds ont servi de caution à la politique du « nourrir la planète » qui ne profite qu’aux tenants de la surexploitation agricole infectée aux pesticides, et qui perpétue les programmes d’aide alimentaire inefficaces et mortifères pour l’agriculture locale. Les subventions à l’agriculture productiviste renforcent les inégalités entre les agricultrices·teurs des pays occidentaux et ceux des Suds.
– L’arrêt des guerres, ingérences et déstabilisations (néo)coloniales ainsi que de la captation des richesses et des ressources des pays des Suds. Nous déclarons la totale solidarité de nos luttes avec les peuples du Suds, victimes des politiques capitalistes et (néo)coloniales des pays occidentaux et/ou de leur propre gouvernement.
C’est parce que nous luttons tous les jours contre ce système qui fait de nous des Citoyen·ne·s de troisième zone, que nous nous mobilisons et réclamons la justice climatique.