Un groupe internationale de scientifiques a publié un article le 24 Septembre dans la revue Nature sur le défi que l’humanité doit affronter si elle veut continuer à habiter une planète stable: Un contrat comportant neuf lignes rouges qui sont fondamentales pour conserver la Terre.

 

"Ce message devrait avoir des implications profondes lors de futures négociations sur le changement climatique" a expliqué Johan Rockström à Público.es, un chercheur de l’Université de Stockolm (Suède).

Selon les experts, l’usage de combustibles fossiles depuis la Révolution Industrielle et l’expansion de l’agriculture à grande échelle menacent cet équilibre qui a rendu la vie possible, ce qui peut entraîner des conséquences catastrophiques pour certaines régions du monde. Pour l’éviter, les experts ont identifié neuf domaines et ont fixé des limites exactes pour sept d’entre eux. Il est cependant fondamental de tous les aborder de façon globale, selon Rockström "Nous ne pouvons pas nous permettre le luxe de concentrer nos efforts sur seulement une de ces limites".

1. Emissions de CO2 débridées

L’augmentation des émissions de CO2 est une des limites qui ont déjà été dépassées. Les émissions actuelles sont de 387 parties par million (ppm), alors que, avant la Révolution Industrielle, elles étaient de 280 ppm. Les experts plaident pour une limite de 350 ppm.

Selon Público, dans un commentaire sur l’article de Rockstöm, le physicien Myles Allen de l’Université d’Oxford souligne que fixer une limite de 350 ppm éviterait le vrai problème: l’augmentation des températures de 2º C par rapport au niveau préindustriel.

2. Accélération de l’extinction des espèces

Actuellement, le rythme de l’extinction des espèces est de 100 à 1000 fois plus rapide que celui d’avant la Révolution Industrielle. Les experts pensent que la perte d’espèces peut affecter l’équilibre global de la planète, les écosystèmes devenant plus vulnérables. On prévoit que, au cours de ce siècle, 30% des mammifères, des oiseaux et des amphibiens seront menacés d’extinction.

3. Le cycle du nitrogène: l’homme "fixe" plus de nitrogène que la Terre, ce qui augmente le réchauffement et la contamination des aquifères en tant que réservoirs, et des océans.

L’agriculture extensive dépend des fertilisants qui contiennent du nitrogène comme élément essentiel pour les plantes. Malgré les progrès survenus dans le rendement de la production agricole, ces produits présentent un important danger pour l’environnement. Une grande partie des dérivés du nitrogène finissent par contaminer les aquifères en produisant des gaz qui favorisent le réchauffement climatique. Les experts proposent de réduire la production de nitrogène de  75%. 

4. Les océans s’acidifient: à cause de l’excès de CO2, qui menace les coraux et les mollusques, les eaux des océans deviennent plus acides.

Ce processus touche des espèces qui sont très sensibles aux changements de pH, en affectant la capacité de générer les produits résidents de certains organismes qui composent leurs coquilles, essentielles pour leur survie, entraînant des effets sur d’autres espèces.    Les experts proposent de prendre comme mesure l’abondance dans l’eau d’aragonite, un des composants des coquilles de mollusques dont la saturation dans l’océan diminue depuis l’époque préindustrielle. Ils proposent une limite de saturation de 2,75, face à la limite actuelle qui est de 2,90.   

5. De l’eau douce limitée: l’être humain a besoin de  2.600 kilomètres cubiques d’eau par an. Le seuil de risque se situe à 4.000 Km3.

On estime que 25% des bassins fluviaux du monde se tarissent avant d’atteindre les océans à cause de la voracité humaine et d’un grand manque de contrôle en ce qui concerne l’usage de l’eau douce.

La perte en eau douce, au dire des experts, aura des conséquences triples: perte de l’humidité des sols aggravée par la déforestation, déplacement des écoulements et impact sur le volume des précipitations.

6. Changements dans l’usage de la Terre: les terres destinées à l’agriculture ne devraient pas dépasser 15% de la totalité, chiffre qui actuellement représente presque 12%.

La transformation de bois et autres écosystèmes en terres agricoles s’est produit à un rythme annuel de 0,8% dans les 40-50 dernières années. À l’exception des pôles, selon les experts, pas plus de 15% de la superficie de la Terre devraient être convertis en terres cultivables. Cependant ces systèmes agricoles plus proches des systèmes naturels pourraient élever cette limite sous un certain contrôle selon des facteurs précis. Les terres les plus productives doivent être réservées à l’agriculture.

7. Le phosphore et la catastrophe dans les mers

De même que pour le nitrogène, l’abus de fertilisants dans l’agriculture a provoqué une surdose de phosphore dans la mer, ce qui constitue une menace pour la vie océanique. Les experts alertent sur la quantité de phosphore (neuf millions de tonnes) provenant principalement des fertilisants agricoles qui finissent dans les océans. Cette surdose en phosphore épuise l’oxygène des eaux marines. Les limites de tolérance ont déjà été dépassées dans certains estuaires et systèmes d’eau douce, mais des experts affirment que maintenir la quantité actuelle sans l’augmenter pourrait conserver les flux de phosphore actuels.

8. Réduction de la couche d’ozone

Grâce au protocole de Montréal, la concentration des produits chimiques qui détruisent l’ozone dans l’atmosphère a diminué de presque 10%. Cependant la capacité de regénération de l’ozone est très lente, les experts proposent une limite globale dans la diminution d’ozone de 276 unités Dobson, la limite actuelle étant de 283 et la préindustrielle de 290.

9. Les aérosoles

De nombreuses publications établissent un lien entre l’accumulation de particules en suspension et les changements du climat, puisqu’elles reflètent la radiation solaire ainsi que la formation de nuages, ce qui affecte les cycles des précipitations. Etant donné la nature complexe des différentes particules, il est difficile d’établir une valeur-limite unique comme seuil pour la contamination.

Links:

https://www.nature.com/nature/journal/v461/n7263/pdf/461472a.pdf


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