Mardi une coalition d’ONG, y compris 350.org, a organisé une mobilisation de masse de centaines de personnes sur la place du Panthéon à Paris, pour demander à ce que pas une euro de plus ne soit investi dans les énergies fossiles. Plus de cinq cents personnes ont participé à une mobilisation visuellement spectaculaire.

L’action se déroula alors que les chef.f.e.s d’états du monde se réunissaient dans la capitale française, au sommet pour la finance-climat “One Planet” organisé par Emmanuel Macron, afin de discuter des investissements dans les solutions climat. Nous appelons non seulement à ce que les chef.f.e.s d’états accélèrent leurs efforts et prennent de sérieux engagements envers le financement climatique mais aussi à ce qu’elles et ils mettent fin au soutien sans relâche de l’industrie fossile.

Photo credit: Koen Jacobs and Marco Verch

 

La société civile a commencé par sonner l’alarme concernant ce soutien financier continu il y a quelques jours en organisant un procès fictif ciblant les défenseurs des combustibles fossiles. Les témoignages de personnes touchées par les conséquences dévastatrices de l’industrie des combustibles fossiles ainsi que par le changement climatique furent présentés au Nouveau Théâtre de Montreuil à un panel de trois juges et à une salle de 350 témoins et 5 500 personnes en streaming le 10 décembre.

Les audiences étaient présidées par trois juges : Brett Fleishman, chargé de campagne en finance pour 350.org ; Aurélie Trouvé la co-présidente de la branche française d’Attac, une association qui milite pour la justice sociale et environnementale et conteste le pouvoir pris par la finance sur les peuples et la nature, et Marie Toussaint présidente de « Notre affaire à tous », une organisation spécialisée dans l’utilisation de la législation en tant qu’outil de protection du climat et de l’environnement.

Tribunal Finances & climat au Nouveau ThŽeatre de Montreuil.

 

Les juges condamnèrent à l’unanimité le financement continu d’investissements en charbon, pétrole, gaz et énergie nucléaire, les énergies du passé qui continuent à faire des ravages à l’environnement et aux communautés où ses investissements sont établis :

« Nous accusons le secteur public et privé de la finance de violer les droits fondamentaux, nous accusons les états de violer les traités internationaux, de manquer à leur obligations en termes de respect et de protection des droits des personnes et des terres du monde entier. Nous avons une pensée pour les plus de 200 défenseur.se.s de l’environnement tué.e.s en 2016 de part le monde. La peine que nous prononçons est internationale. En Afrique, en Europe, en Asie, aux Etats-Unis et dans le Pacifique, les citoyen.ne.s vont se soulever pour transformer cette crise en une transition juste. »

Au cours du tribunal fictif des témoins présentèrent des comptes rendus de première main des effets destructifs que le charbon, le pétrole et le gaz ont eu et continuent d’avoir sur des communautés du monde entier. Les témoignages furent livrés par des représentants de: Notre-Dame-Des Landes, des Sundarbans (Bangladesh), de la forêt de Hambach (Allemagne), des territoires d’Outre Mer parmi quinze autres.

Deux ans après la COP21, nous observons une accélération des impacts en France et à l’étranger. La concentration de gaz à effet de serre a augmenté jusqu’à atteindre un niveau insoutenable, 2017 a été une des années les plus chaudes jamais observées, ponctuée par une série de désastres liés au changement climatique incluant des ouragans tels Harvey, Irma, des feux de forêt au Portugal et en Californie, une inhabituelle canicule en Australie,parmi d’autres.

Si nous continuous à brûler tout le chardon qui est en ce moment même en usage dans les gisements et les mines, nous surpasserons par une forte marge les aspirations des Accords de Paris sur le Climat qui visent à limiter le réchauffement climatique à 1.5 °C ainsi que l’objectif des 2 °C . A ce rythme, nous n’avons la possibilité d’utiliser des combustibles fossiles que pendant encore 5 ans avant que nous allions au délà de la possibilité de mettre fin au réchauffement à cette échelle.

Malheureusement le financement des énergies polluantes persiste à un rythme insoutenable. Selon Oil Change International, entre 2013 et 2015, 58% de la finance public pour l’énergie des pays du G20 fut investit dans des énergies polluantes, alors que 15% fut investi dans des énergies renouvelables.

Ce comportement ne s’est pas amelioré après Les Accords de Paris sur le climat, tandis que les banques multilatérales de développement (BMD) ont accordé plus de 5 milliards de dollars à la finance des combustibles fossiles en 2016. La finance des BMD en termes d’exploration pétrolière et gazière a doublé de 2015 à 2016, de 1,05 milliards à 2,05 milliars de dollars.

En réaction à cet investissement continue, nous avons publié un rapport cette semaine qui met en lumière de forts investissements français en douze projets d’énergie polluante de part le monde ébranlant le même projet que les leaders d’aujourd’hui prétendent de se réunir pour. Ces projets sont situés de part la planète y compris en Chine, Mozambique, Allemagne et Norvège.

Cette mascarade doit cesser. Chaque euro et dollar dépensé en adaptation et en atténuement est en train d’être systématiquement entravé par l’argent dépensé dans l’industrie fossile. Nous ne pouvons plus accorder de place dans nos budgets, carbones ou autres, pour les énergies du passé. Ce sommet a beaucoup de travail à faire afin de se plier aux attentes scientifiques et morales établies par son sommet prédécesseur.

La société civile n’est pas la seule à établir ce point : la semaine dernière, 100 économistes du monde entier ont signé la déclaration sur la finance-climate, appelant à mettre fin à l’investissement dans la production de combustibles et d’infrastructures fossile immédiatement.

“Pas un euro de plus” ne peut aller aux compagnies et projets qui produisent encore plus de gaz à effet de serre qui ne peuvent être brûlés.

Photo credit: Koen Jacobs and Marco Verch

Il est grand temps que la communauté d’acteurs.trices économiques globaux intensifient leurs efforts pour sauver notre planète et préserver notre futur commun. Macron et les chef.fe.s d’états du monde entier ont eu pendant le sommet la chance de commencer enfin à concrétiser les promesses faites dans l’accord de Paris : en termes simples, il n’y a plus la place pour de nouveaux projets d’infrastructure de combustibles fossiles et par conséquent il n’y a pas de raison de continuer d’y investir. Notre but principal pour ce sommet était de mettre en lumière le discours de Pas un euro de plus par rapport au combustibles fossiles. Le sommet étant maintenant fini, nous avons déjà entendu une série d’annonces faites dans l’esprit de la finance sans combustibles fossiles. Ceci est l’aboutissement de plusieurs années d’activisme citoyen de la part du mouvement climatique, et nous savons que nous aurons besoin d’en faire plus si nous voulons avoir une chance d’éviter une crise climatique s’empirant de jour en jour.

Voici un échantillon de ce qui est paru:

  • Storebrand, une banque norvégienne, a annoncé un total de 3,1 milliars dollars en fonds“#zerofossile
  • La Banque Mondiale a annoncé qu’elle ne financerait plus les secteurs pétrolier et gazier en amont
  • Le président de l’OCDE a dit que nous devons “éliminer tous les combustibles fossiles
  • John Kerry (ancien secrétaire d’Etat américain) est monté sur scène et a appelé à “ pas un centime de plus… pour le charbon”
  • La banque hollandaise ING a annoncé aujourd’hui qu’elle arrêterait le financement de tous les projets de charbon et de compagnies (qui récoltent plus de 5% de leurs profits du charbon) d’ici 2025
  • Axa, une des plus grosses compagnies d’assurance du monde a annoncé hier au sommet qu’elle désinvestirait 3.4 milliards d’euros du charbon et des sables bitumineux. Ceci s’ajoute au 500 milliards d’euros de désinvestissement du charbon annoncés en 2015.
  • Plus de 100 économistes ont appelé à la fin du financement des combustibles fossiles

A l’avenir, le mouvement global pour le climat continuera à insister pour l’accélération d’une transition sans combustibles fossiles au cours de 2018 jusqu’à obtenir 100% d’énergies renouvelables pour tous.tes. Nous continuerons à bloquer les nouveaux projets de combustibles fossiles, mettre fin à la finance polluante, et insister pour que le plus de villages, de villes et de régions que possible s’engagent à 100% d’énergies renouvelables. Suivez nos mises à jours sur gofossilfree.org/fr!

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  1. 350.org, Alternatiba, les Amis de la Terre France, ANV-COP21, Attac France, Bizi!, la Confédération paysanne, la Coordination Eau Bien Commun France, la Coordination Eau Bien Commun Ile de France, le CRID, la Fondation pour la Nature et l’Homme, France Nature Environnement, Greenpeace France, Notre Affaire à Tous, Oxfam France, le REFEDD, le Réseau Action Climat France, le Réseau sortir du nucléaire, Sciences Po Zéro Fossile, SUD PTT, l’Union Syndicale Solidaires, ZEA.
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