17 novembre, 2022

COP27 : Ne pas dépasser le taux de 1,5 et éliminer progressivement tous les combustibles fossiles

Sharm El Sheikh, Égypte – Alors que la conférence des Nations unies sur le climat tire à sa fin, une coalition regroupant des organisations de la société civile avertit que la COP27 risque d’être perçue comme un échec, car le débat fait rage sur les plans visant à garantir que le document final relatif à la décision de la conférence comporte des engagements en faveur de l’élimination progressive de tous les combustibles fossiles. 

Lors d’une conférence de presse ce mercredi, les experts ont exhorté les décideurs participant à la COP27 à s’engager à faire en sorte qu’une élimination rapide, juste et équitable des combustibles fossiles soit garantie dans le texte final, afin de ne pas dépasser 1,5 degré. 

May Boeve, 350.org 

« Comme souvent dans ces négociations, nous assistons à des situations décisives, et cette COP ne fait pas exception. Nous voilà à nouveau à la croisée des chemins, et les décisions prises dans les prochaines 48 heures auront un impact sur le monde pour les années à venir.    Par conséquent, c’est la tâche à laquelle s’attelle la société civile aujourd’hui : lancer un appel en faveur de l’abandon progressif des combustibles fossiles. Tel est notre cri de ralliement : mobilisations, conférences de presse, événements parallèles, aujourd’hui est le jour où nous, le mouvement de la société civile, demandons des comptes aux gouvernements. Nous exigeons qu’une élimination progressive équitable, ordonnée et juste de tous les combustibles fossiles figure dans la décision finale de la COP27. Toute mesure en-deçà de ce que nous avons obtenu à Glasgow sera considérée comme un échec par le monde entier ».  

Harjeet Singh, CAN international

« Nous sommes venus ici pour réclamer la justice climatique, mais nous savons ce qui se passe. Il y a plus de 630 lobbyistes des combustibles fossiles qui ont transformé cette COP en une foire aux expositions, et ils ne font qu’aggraver la crise climatique. L’industrie des combustibles fossiles est directement responsable de la mort et de la destruction que nous constatons dans le monde entier et cette même industrie profite de la crise, en réalisant des bénéfices indécents. Actuellement, le document final ne comporte aucune référence à l’élimination progressive des combustibles fossiles, alors qu’ils doivent être évoqués intégralement. Il est temps d’interpeller les pays qui refusent d’inclure cette mention importante sur les combustibles fossiles dans le document de clôture ». 

Omar Elmawi, Stop EACOP, 350.org

 « Je suis là pour transmettre un message clair et simple : Il est inacceptable de ne serait-ce qu’envisager des projets gigantesques tels que le projet d’oléoduc d’Afrique de l’Est (EACOP) alors que  des réductions rapides et importantes des émissions sont nécessaires pour éviter des impacts climatiques catastrophiques. Nous ne pouvons accepter le fait que la nécessité de répondre à la crise énergétique serve de prétexte pour approuver des projets de combustibles fossiles, y compris pour mener des activités risquées d’exploitation de gaz. Ce message doit être entendu, suivi d’effets et des engagements doivent être pris pour mettre fin à ces projets.
Les fonds doivent être affectés pour une transition équitable vers des énergies renouvelables gérées par les communautés. Nous avons besoin de solutions réelles et efficaces pour le continent africain ».

Luisa Nebauer, Fridays for Future, Allemagne

« Ce sommet de la COP est devenu un véritable théâtre d’opérations du secteur des énergies fossiles. Je n’arrive pas à croire qu’à deux jours de la fin de ces négociations sur le climat, je suis ici à me battre pour faire inclure les combustibles fossiles dans le document final, alors que nous savons que la crise climatique est causée par ces combustibles. Ce n’est pas parce que certains dirigeants de ce secteur pourraient être vexés lorsque nous leur disons que l’ère des combustibles fossiles est terminée, que leur modèle ne fonctionne pas. Ce sommet de la COP doit marquer la fin des combustibles fossiles ». 

Jo Sikulu, Pacific Climate Warriors, 350.org 

« Le message en provenance de la région du Pacifique est très clair. Une exploitation continue des combustibles fossiles entraînera un réchauffement bien supérieur à 1,5 degré, ce qui signifie des cyclones plus intenses, de plus nombreuses inondations et une élévation du niveau de la mer qui détruit nos côtes et nos maisons. Nous sommes fatigués de raconter constamment comment nous sommes touchés par la crise climatique, mais la région du Pacifique continue de faire preuve de leadership en matière de climat. Tuvalu et Vanuatu ont été les premiers États parties à faire pression en faveur d’un traité de non-prolifération des combustibles fossiles, et nous sommes ici pour leur montrer que les pays de la région Pacifique les soutiennent. Nous devons maintenir le seuil de 1,5 degré dans le document final de la COP27 et exiger l’élimination progressive des combustibles fossiles. Nous avons besoin que ceux qui sont dans les salles de décision fassent de même, car un taux de rechauffement de 1,5 degré ne constitue pas seulement un objectif, mais une limite ». 

David Tong, Oil Change International

« Des travaux de recherche évalués par des pairs montrent que les gisements de pétrole et de gaz et les mines de charbon qui étaient déjà mis en exploitation ou en cours de construction avant 2022 contiennent des réserves de combustibles fossiles suffisantes pour que le taux de réchauffement dans le monde dépasse largement les 2 °C, sans parler de 1,5 °C. Mais malgré ces réalités, l’industrie pétrolière et gazière continue d’approuver de nouveaux projets extractifs qui polluent davantage le climat. Selon un nouveau rapport d’Oil Change International, les nouveaux projets de production de pétrole et de gaz approuvés à ce jour en 2022 et susceptibles d’être approuvés au cours des trois prochaines années pourraient provoquer une augmentation cumulée de 70 milliards de tonnes de la pollution par le carbone. Ceci équivaut à 17 % du budget mondial restant pour le carbone à 1,5°C et ne concerne que les nouveaux projets. Les quantités de carbone produites au début de l’année 2022 étaient déjà suffisantes pour dépasser les 1,5°C ». 

 

 La bonne nouvelle est que près de 85 % de ces projets n’ont pas encore reçu d’approbation finale. Les décisions finales d’investissement n’ont pas été prises. Les gens et les populations se soulèvent contre beaucoup de ces projets. Il est encore possible de les bloquer. Les gouvernements doivent jouer leur rôle. Ils doivent éliminer progressivement les combustibles fossilesen se basant sur des principes d’équité et en prenant des mesures de transition équitables. Il est trop tard pour combattre un combustible fossile à la fois. Éliminez progressivement le pétrole, le gaz et le charbon. Mettez ces revendications dans le document.

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