5 décembre 2023, Dubaï, Émirats Arabes Unis – Les militants de StopEACOP ont confronté ce matin le PDG de TotalEnergies, Patrick Pouyanné, pour appeler à la libération des militants ougandais de StopEACOP actuellement en prison. Dans la vidéo ci-dessous Nicolas Haeringer, Directeur associé des partenariats pour le mouvement climatique pour l’organisation pour la justice climatique 350.org, demande au PDG de TotalEnergies s’il va appeler à la libération immédiate des étudiants. Pouyanné répond « nos équipes s’en occupent et sont en liaison avec les autorités » pour « faire en sorte que les autorités puissent les libérer le plus vite possible ».
Alors que la COP28 se poursuit, nous appelons la communauté internationale à donner plus de visibilité à cette situation, à exiger davantage la sortie des énergies fossiles, et à faire pression pour une plus grande ambition en matière d’énergies renouvelables à l’échelle mondiale. Alors que les énergies renouvelables représentent une voie sûre, durable et plus juste pour l’Afrique, nous exhortons l’Ouganda à revenir sur ses attaques rétrogrades contre ceux qui mettent en lumière les dangers du projet EACOP. Nous appelons tous les médias, la société civile et les institutions de défense des droits humains à amplifier cette situation et à demander la libération de ces jeunes leaders du climat injustement emprisonnés.
Citations
Nicolas Haeringer, Directeur associé des partenariats pour le mouvement climatique chez 350.org :
« La présence de TotalEnergies à la COP est une anomalie. Nous venons d’apprendre aujourd’hui que les lobbyistes des énergies fossiles disposent, en tout, d’une délégation plus importante que celle des 10 pays les plus vulnérables au changement climatique réunis. Ils ne viennent pas à la COP pour lutter contre le changement climatique. Ils viennent pour protéger leurs profits et défendre le statu quo – et leur statu quo vient avec des violations des droits humains. TotalEnergies a une longue histoire de complicité dans des situations de violations des droits humains (par exemple en Birmanie) et de collaboration avec des régimes criminels (par exemple en Russie). Le pétrole de TotalEnergies est couvert de sang. Le gaz de TotalEnergies est couvert de sang. Les profits de TotalEnergies sont couverts de sang.
La moindre des choses que Patrick Pouyanné puisse faire est en effet de profiter de sa présence à la COP pour réclamer la libération immédiate de ces étudiants et accepter qu’une enquête indépendante soit faite sur cette situation. »
Zaki Mamdoo, coordinateur de StopEACOP :
« Ces arrestations illégales, dans le contexte de la répression continue contre les défenseurs des droits humains, de l’environnement et des terres en Ouganda, devraient rappeler la violence si caractéristique des industrie extractives partout dans le monde, dans les pays du Sud et en Afrique en particulier. Alors que nous appelons à la sortie des énergies fossiles à la COP28, nous devons également saisir cette occasion pour mettre en lumière l’impunité avec l’industrie des énergies fossiles opère, et la tenir responsable de ses actions. Il faut que cette industrie arrête de donner la priorité à ses profits, au détriment de tous. Nous appelons à la libération de nos militants, mais aussi à l’arrêt complet de ce projet néfaste. »
Thuli Brilliance Makama, directeur Afrique chez Oil Change International :
« Malgré les engagements proclamés de TotalEnergies en matière de droits humains, la réalité est que les groupes de la société civile ougandaise qui ont dénoncé les projets d’exploitation pétrolière ont été ensuite confrontés à des représailles et ont été réprimés. Ce climat hostile pour les défenseurs des droits humains et les journalistes entrave la participation des membres de la communauté dans les processus de prise de décision.
TotalEnergies a été une des major pétrogazières qui a le plus approuvé de nouveaux projets pétroliers et gaziers au monde en 2022 – des plans et des investissements qui sont complètement incompatibles avec les conclusions du GIEC selon lesquelles il faut une action immédiate et rapide pour sortir des énergies fossiles afin de contenir le réchauffement climatique à 1,5° C. »
Nkurunziza Alphonse, leader étudiant en Ouganda :
« Nous condamnons fermement le recours au pouvoir judiciaire pour punir ceux qui s’opposent au projet EACOP. Emprisonner des manifestants pacifiques qui exerçaient simplement leur droit démocratique de présenter une pétition à leurs dirigeants élus crée un précédent extrêmement dangereux. »
Brighton Aryampa, l’avocat inscrit au dossier :
« Nous condamnons fermement le recours au pouvoir judiciaire pour punir ceux qui s’opposent au projet EACOP. Emprisonner des manifestants pacifiques qui exerçaient simplement leur droit démocratique de présenter une pétition à leurs dirigeants élus crée un précédent extrêmement dangereux », a déclaré Nkurunziza Alphonse, leader étudiant en Ouganda.
« Nous demandons que les accusations d’incitation à la violence publique qui sont portées contre les militants soient entièrement abandonnées. Les droits de toutes les personnes qui choisissent de manifester et d’exprimer pacifiquement leur opposition au projet EACOP doivent être défendus et protégés par les pouvoirs publics. »
Brian Atuheire, co-fondateur et directeur exécutif de l’ONG AIFE Ouganda :
« Nous dénonçons la militarisation des tribunaux ougandais contre les défenseurs du climat, des terres et des droits humains. Nous appelons à la libération immédiate et inconditionnelle de ces étudiants manifestants pacifiques. Ils s’affirment simplement comme parties prenantes légitimes d’un projet qui risque de détruire le tissu social de nombreuses communautés ougandaises. »
À propos de StopEACOP
#StopEACOP est une campagne mondiale contre la construction d’un oléoduc d’Afrique de l’Est (le « East African Crude Oil Pipeline », ou EACOP). Ce projet de pipeline chauffé de 1 443 kilomètres transportera le pétrole de Hoima, en Ouganda, jusqu’au port de Tanga en Tanzanie. Cette campagne est menée par une alliance de groupes locaux, de communautés et d’organisations africaines et mondiales. La coalition #StopEACOP a appelé à l’arrêt du projet d’oléoduc et des champs pétrolifères associés à Tilenga et Kingfisher. La campagne #StopEACOP prend de l’ampleur, renforçant la pression sur les derniers partisans et financiers de l’oléoduc d’Afrique de l’Est. AEGIS London, Arch Capital Group Ltd et Britam Holdings ont récemment annoncé qu’ils n’offriraient pas de couverture d’assurance pour le projet. Jusqu’à présent, 27 grandes banques et 23 grands (ré)assureurs ont exclu tout soutien au pipeline. Certaines institutions financières clés ne se sont pas encore engagées à ne pas financer l’EACOP, notamment l’ICBC et la Standard Bank.