Responsabilités communes mais différenciées / justice climatique

Au cœur de l’Accord de Paris se trouve un concept des plus importants : le principe de responsabilités communes mais différenciées.

Historiquement, ce sont les pays occidentaux qui ont en majorité exploité ces énergies, souvent au détriment des pays dits du Sud, et la question de leur juste réparation est traitée par le biais de flux financiers.

Nous parlons alors de “responsabilités communes” de la crise climatique puisque tous les pays du monde ont contribué à l’émission de ces gaz à effet de serre, mais aussi de responsabilités “différenciées”, puisque tous n’y ont pas contribué à la même intensité.

Au cœur des négociations internationales sur la transition écologique, et notamment énergétique, se trouve la question de la juste prise en cause des besoins des pays les moins émetteurs dans ces processus d’adaptation.

Lors de la dernière conférence des Nations unies pour la climat (COP27), les pays riches se sont engagés à rembourser leur dette climatique en soutenant la transition énergétique dans les pays les plus vulnérables aux impacts climatiques par le transfert de compétences, le soutien à leur mise en œuvre mais aussi des flux financiers permettant l’atténuation, l’adaptation et le soutien face aux pertes et dommages causés par le changement climatique.

Manifestation d’activistes demandant aux gouvernants de financer pour les dommages et réparations (loss and damage). (Photo: @LossandDamage/Twitter)

C’est notamment pour cela qu’en 2022, les États ont pris la décision de créer un fonds dédié aux pertes et dommages pour aider financièrement ces mêmes pays, touchés de plein fouet par des cyclones, inondations, sécheresses ou la montée inéluctable du niveau des océans.

Cette question, comme celle plus générale de la mise en place des mécanismes de financement de la transition énergétique, seront au cœur des discussions du Sommet pour un nouveau pacte financier mondial la semaine prochaine, à Paris.

Pour vous aussi, à nos côtés, demander la taxation par les gouvernements des grands pollueurs, signez notre pétition :

Problème : les flux financiers ne sont pas suffisants !

En 2009, les pays du Nord se sont engagés à débloquer au moins 100 milliards de dollars par an à partir de 2020 pour financer les actions climatiques des pays en développement. En 2023, ce chiffre n’est toujours pas atteint et 52 pays en développement sont en situation de surendettement ou en risque élevé de surendettement, ce qui représente plus de 40 % des populations les plus pauvres de la planète. C’est pourquoi la refonte des institutions financières mondiales est nécessaire et de nouvelles sources de financement doivent être trouvées.

Cependant, ces sources de financement doivent être mises en place et alimentées de manière juste et équitable, et prendre en compte la responsabilité des grands pollueurs dans leur financement, les entreprises d’énergies fossiles en tête.

C’est sur ces mêmes affirmations que s’est fondé le Pacte de Bridgetown, initié par Mia Mottley, Première ministre de la Barbade, un des pays historiquement les moins responsables du dérèglement climatique mais qui en subi pourtant le plus durement les impacts.

Le Sommet pour un nouveau pacte financier mondial qui se tiendra à Paris les 22 et 23 juin prochains en est la continuité puisqu’il est  basé sur ce même pacte et le besoin pressant de mettre à jour des principes qui ne sont plus en phase avec nos sociétés, pour voire le jour et déterminer les enjeux qui y seront discutés.

Mia Mottley, prime minister of Barbados, parle à la COP27 à Sharm el-Sheikh, Egypte. (AP Photo/Peter Dejong)

Qu’est-ce qu’on demande ? 

En effet, en 2022, les entreprises de l’industrie fossile ont encore fait des centaines de milliards de dollars de bénéfices. Un record, réalisé sur le dos des gens et de notre planète. Cet argent, plutôt que d’être réinvesti dans les énergies renouvelables, continue à alimenter la machine destructrice de l’industrie fossile en finançant des projets comme le pipeline EACOP.

Mais aujourd’hui, nous disons stop ! Il est temps d’en finir avec la finance fossile et de faire payer les plus gros pollueurs. Ceux qui ont causé la crise climatique doivent payer. #EndFossilFinance #MakePollutersPay

  1. C’est pourquoi nous voulons que les industries polluantes et en premier lieu l’industrie fossile, soient mises à contribution en taxant les superprofits et les énergies fossiles. Plus un seul euro ne doit pouvoir être réalisé sur la vie des gens.
  2. En plus de cela, il est impératif que soit remis en cause le système qui permet à ces entreprises de continuer leurs méfaits : le secteur financier doit cessre immédiatement de soutenir tous nouveaux projets fossiles (charbon, pétrole, gaz) et leur argent doit être investi massivement dans le développement des énergies renouvelables, meilleures solutions d’après le GIEC pour contenir le changement climatique.
  3. Finalement, les grandes institutions financières comme la Fonds Monétaire International (FMI), les banques Multilatérales de Développement ou encore la Banque Mondiale doivent être réformées afin de stopper la prescription de mesures d’austérité et de supprimer les conditionnalités injustes qui pèsent sur les pays en développement. Il est temps d’avoir un accompagnement axé sur les soins, par opposition à une approche axée sur la croissance.

Ce Sommet pour un Nouveau Pacte Financier Mondial doit permettre de restaurer la confiance entre les pays développés et en développement, et construire un nouvel ordre financier mondial aux bénéfices des populations. Il est donc regrettable que lors de ce sommet, la participation de la société civile ait été réduite, notamment celle des pays du sud qui n’a pas eu la place qu’elle méritait lors de ce moment. Pallier à ce manquement nécessitera des annonces fortes et ambitieuses, auxquelles nous serons attentifs. Mais une chose est sûre : nous ne lâcherons pas le combat pour la justice climatique et ferons tout pour que les pollueurs paient les dégâts qu’ils ont causés.

 

Source :
[1] Les émissions de gaz à effet de serre et l’empreinte carbone

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