Paris – 350.org lance une campagne demandant au musée du Louvre de mettre un terme à son partenariat avec Total, au nom de la lutte contre les dérèglements climatique.
La campagne lancée par l’ONG internationale 350.org, déjà rejoint par de nombreuses organisations, artistes et personnalités, s’organise autour d’un appel international appelant le Louvre à mettre fin aux liens qu’il entretient avec Total qui stipule notamment : “nous voulons que le Louvre puisse continuer d’être un pont entre les civilisations passées et les générations actuelles comme à venir. (…) Notre avenir commun n’est pas compatible avec l’industrie des combustibles fossiles.”
350.org a présenté à cette occasion un rapport sur la stratégie climat en trompe l’œil de Total. Le rapport montre notamment que Total entend poursuivre à investir massivement pour développer de nouveaux gisements de pétrole et de gaz dans les années à venir comme le montre le contre-rapport publié ce jour par 350.org et l’Observatoire des multinationales sur la stratégie climat de Total. Le groupe pétrolier n’entend consacrer que 25% de ses dépenses en recherche et développement aux “clean techs et aux problématiques environnementales” – soit 370 millions de dollars. Dans le même temps, l’entreprise investira plus de 16 milliards de dollars chaque année pour développer ses activités extractives.
Pour Nicolas Haeringer, porte-parole de 350.org, “Il ne s’agit pas de débattre, de manière abstraite, d’un taux maximal de concentration de CO2 dans l’atmosphère. L’enjeu se chiffre en centaines de millions de vies. Il n’est plus acceptable, d’un point de vue éthique, d’entretenir des liens avec l’industrie fossile”.
Nous ne pouvons nous permettre d’attendre que les États agissent – d’autant plus que l’industrie fossile mobilise toutes ses ressources pour duper la puissance publique, et convaincre qu’il est possible de concilier extraction des combustibles fossiles et lutte contre le réchauffement climatique.”
Clémence Dubois, chargée de campagne Zéro Fossile pour 350.org, fait le lien avec les partenariats entre Total et de nombreuses institutions culturelles françaises : “Ces partenariats sont essentiels pour Total : ils permettent à l’entreprise de construire une image positive, verte et responsable tant socialement que climatiquement. Total a besoin de construire une telle image pour rendre ses activités polluantes et destructrices du climat socialement et politiquement acceptables”.
La campagne lancée par 350.org entend donc dénoncer ces partenariats, en commençant par celui que Total entretient avec le musée du Louvre. Il s’agit concrètement de demander au Conseil d’administration du musée de mettre un terme à toutes ses relations avec les entreprises du secteur des combustibles fossiles.
Ce mouvement pour une culture zéro fossile a été initié au Royaume-Uni, lorsque des militants du climat et des artistes ont lancé une campagne demandant à la Tate Gallery de mettre un terme à ses relations avec BP. Des campagnes similaires sont en cours aux Pays-bas, ou encore aux Etats-Unis.
La campagne sera portée à Paris par un collectif dédié à la désobéissance créative dont les premières actions seront pensées ce week-end par une plus d’une quarantaine d’artistes et militants à l’occasion d’une formation à l’art-activisme donnée par John Jordan et Isabelle Frémeaux, initiateurs de la campagne (victorieuse) demandant à la Tate Gallery de renoncer à son partenariat avec BP.
L’art-activisme se fonde sur le constat posé par l’essayiste et écrivaine Rebecca Solnit, “Nous sommes aujourd’hui bien plus capables d’imaginer l’apocalypse et la fin du monde que ce qui viendra après – ou ce qui pourrait nous permettre de l’éviter”. Ce à quoi Isabelle Frémeaux et John Jordan ajoutent : “Les artistes ont un rôle à jouer. Nous devons arrêter de mettre notre créativité au service de ce qui détruit la planète et le climat. Les artistes doivent donc rompre avec l’industrie fossile et cesser de collaborer avec les institutions qui contribuent à ce que ce système suicidaire perdure. Nous devons à la place contribuer à créer des luttes irrésistibles, des formes d’action plus belles, pour construire un monde plus juste et désirable.”
350.org annonce que des actions sont à suivre et se dérouleront tout au long de l’année.