La lutte pour la justice climatique en Afrique devrait être au cœur de la conférence annuelle des parties (COP) à la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC) prévue du 7 au 18 novembre prochain. Le Maroc, pays d’accueil, recevra à Marrakech des politiciens, des membres de la société civile et des militants climatiques du monde entier, réunis pour discuter du changement climatique et de ses implications pour les pays en développement. Cette conférence offrira un espace critique de dialogue sur les stratégies à adopter pour contrer les impacts environnementaux du changement climatique, tout en favorisant un développement et une croissance durables qui préservent les communautés.
Soumise à des changements climatiques incessants et à un réchauffement considérable au cours des dernières décennies, l’Afrique est exposée à des sécheresses et des inondations qui affectent sérieusement la productivité agricole, aggravant l’insécurité alimentaire et la pénurie d’eau. D’ici 2030, les conflits liés au stress hydrique devraient être de plus en plus nombreux dans la région. Tandis que la famine continue de sévir dans les régions du Sud et de l’Est du continent, des millions de personnes risquent de connaître la pire crise alimentaire depuis des années.
L’accord de Paris, négocié par 196 chefs d’État en décembre dernier, doit entrer en vigueur le 4 novembre, seulement 3 jours avant le début de la prochaine COP. Une importante réduction des émissions mondiales de CO2 est indispensable dans les 10 à 20 prochaines années si nous voulons atteindre les limites fixées par l’accord de Paris. Le développement du continent africain devrait reposer sur l’utilisation d’énergies renouvelables et non de combustibles fossiles. L’Afrique peut devenir le fer de lance de la prochaine révolution industrielle.
La COP 22 devrait insuffler l’énergie aux Africains pour susciter la volonté politique, la créativité et le soutien économique des autres pays du monde nécessaires à la mise en œuvre de mesures d’adaptation et de technologies d’énergies renouvelables pouvant façonner l’avenir durable auquel nous aspirons tous.
Les Africains veulent voir leurs gouvernements traduire leurs promesses en actions. Plus que jamais, la société civile doit appeler les dirigeants africains à geler les nouveaux projets d’exploitation de combustibles fossiles destinés au développement et à l’approvisionnement énergétique sur le long terme.
Ensemble, les États africains doivent s’engager à abandonner immédiatement tout nouveau projet carbone. Les énergies renouvelables deviennent de plus en plus une force économique révolutionnaire pour une transition juste sans combustibles fossiles, en dotant les communautés sur le terrain de ressources adaptées permettant de faire face à une crise imminente.
Nous pensons qu’un mouvement africain local peut exiger réparation auprès des dirigeants au nom des principes de justice climatique en faveur des pays les moins responsables du changement climatique. Ce mouvement part du terrain et s’étend à mesure que des militants climatiques se rassemblent pour résister et défendre des solutions permettant d’assurer des lendemains meilleurs pour tous.
Au cours de la dernière décennie, le changement climatique est rapidement devenu l’enjeu mondial le plus crucial de notre époque. En effet, il menace dangereusement le progrès global des nations et les empêche d’atteindre les objectifs de développement durable (ODD), en particulier en Afrique. Bien que leur continent soit le plus affecté par le changement climatique et ses conséquences, les Africains mènent un combat courageux contre cette menace.
L’équipe de 350 Afrique-Monde arabe cherche à intensifier les campagnes anti-charbon au Ghana, en Afrique du Sud et au Kenya, et à tisser des liens avec des collectifs nord-africains pour lutter contre la fracturation hydraulique. En Afrique du Sud, nous étendons la campagne pour le désinvestissement et augmentons notre présence régionale en organisant des actions de mobilisation sur les impacts et les solutions possibles.
L’artivisme est un outil de mobilisation qui engage et touche les gens par le biais de l’art, au-delà de la barrière de l’origine, de la religion ou du genre. Qu’il s’agisse d’ateliers de graffiti ou de théâtre, 350Afrique utilise ce moyen d’expression personnelle et d’autonomisation pour faire face aux injustices climatiques et sociales.
L’activisme climatique en Afrique prend la forme d’actions pacifiques qui vont dans le sens d’un changement radical et d’une réforme globale des systèmes en place. Le processus volontaire de signature de l’accord de Paris signifie que les gouvernements africains franchissent ensemble un cap important dans la lutte mondiale pour éviter des catastrophes futures. Mais les citoyens doivent exiger de ces gouvernements qu’ils respectent cet accord afin de permettre l’émergence d’une nouvelle ère où les humains et la planète ne seront plus otages de leur dépendance aux combustibles fossiles aux destructions qu’ils entraînent.