Les gouvernements du monde entier suppriment les services publics et les aides sociales en prétendant que l’argent fait cruellement défaut.
De leur côté, les milliardaires et les grands groupes des énergies fossiles engrangent des bénéfices records. Jeff Bezos vient de dépenser des dizaines de millions de dollars pour son mariage à Venise. Ailleurs en Europe, les températures ont atteint un record de 46 °C lors de la première canicule de l’été.
Mais des écoles de Coventry aux communautés affectées par le changement climatique à Nairobi, le message est le même. Les caisses sont vides.
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Mais cette prétendue carence n’est pas un fait. C’est une fiction, un mythe dangereux.
Pendant que nos responsables politiques discutent de restrictions budgétaires, les incendies font rage, les inondations chassent des millions de personnes de leurs foyers et les vagues de chaleur accablent les systèmes de santé. La crise climatique s’accélère à un rythme effréné face à des gouvernements qui restent impassibles. Chaque jour qui passe coûte des vies et des ressources essentielles. La vérité ? Nous avons les moyens d’agir. Mais ce que nous ne pouvons pas nous permettre, c’est l’inaction.
Le Forum des Nations Unies sur le financement du développement, qui se tient cette semaine à Séville, marque un jalon déterminant pour faire face au véritable problème. Un système financier mondial conçu pour concentrer les richesses, récompenser la pollution et accroître les inégalités. Ces principes ne sont pas des lois naturelles, mais des choix politiques.
Aujourd’hui, les dirigeant·es doivent se prononcer sur la réécriture de ces règles économiques.
Partout dans le monde, cette fiction du manque d’argent se manifeste sous différentes formes. En Europe, c’est l’austérité qui sert à justifier les coupes budgétaires dans les dépenses climatiques et la protection sociale. Dans les pays du Sud, c’est l’endettement écrasant, les règles fiscales corrompues et la spoliation déguisée en développement. Mais le résultat est le même : ce sont les citoyen·nes ordinaires qui en paient le prix, tandis que les ultra-riches s’enrichissent toujours plus.
Pendant ce temps, les entreprises fossiles, principales responsables du dérèglement climatique, amassent des profits obscènes. Des milliardaires se lancent dans la conquête spatiale alors que des millions de personnes sont confrontées à la montée des eaux et à l’exode. Ce système n’est pas défaillant pour tout le monde. Pour une poignée de privilégié·es, il fonctionne à merveille.
Cessons de faire comme si nous ne pouvions pas nous permettre un monde plus juste. Taxons les super-riches.
Il y a largement assez de richesses dans le monde pour faire face à la crise climatique, mettre fin à la précarité énergétique, financer l’éducation et les soins de santé, et construire des sociétés justes et prospères. Ce qui manque, c’est une réelle volonté politique.
Tout cela doit changer à Séville. Cette conférence est plus qu’un forum politique : c’est une occasion pour les gouvernements, en particulier ceux des pays du G7, de passer à la vitesse supérieure. Ces pays doivent fonder une coalition engagée pour taxer les super-riches et débloquer les milliers de milliards nécessaires pour lutter contre les urgences climatiques.
Les États-Unis, en particulier, suivent une doctrine politique dangereuse qui consiste à assimiler les profits des entreprises au bien-être mondial. Mais les résultats financiers d’ExxonMobil ne reflètent pas la paix du monde. Le cours de l’action Amazon ne dit rien sur le salaire des enseignant·es ou la construction de digues contre les inondations. Nous devons reprendre le contrôle des finances publiques pour les mettre au service des citoyen·nes et de la planète, et non des milliardaires.
Tant de belles initiatives pourraient être financées dans le monde grâce à la taxation des grandes fortunes…
Cette mesure n’aurait rien de radical. Ce qui est profondément radical, c’est de permettre à une infime minorité d’amasser des fortunes inimaginables alors que la planète brûle. Une série de taxes sur la fortune des super-riches, associées à une convention ambitieuse de l’ONU en matière d’impôts et à une lutte contre l’évasion fiscale, pourraient rapporter des milliers de milliards chaque année. Ces fonds pourraient financer :
- L’isolation thermique des maisons et réduire les factures d’énergie
- Des systèmes d’énergie renouvelable pour un tarif abordable
- La création d’emplois verts dans les régions altérées par les combustibles fossiles
- La reconstruction des systèmes de santé surchargés
- Des ressources pour le climat dans les pays du Sud
- L’annulation des dettes illégitimes, l’éducation et la sécurité alimentaire
Faisons payer les gros pollueurs, et nous pourrons financer la transition équitable qu’ils ont rendue nécessaire.
En Europe, les avantages seraient immédiats et révolutionnaires.
La taxe sur les grandes fortunes pourrait financer des milliers d’emplois dans le social, des logements abordables et des transports écologiques en Allemagne et au Royaume-Uni. En France et en Italie, elle pourrait contribuer à reconstruire les systèmes de santé et d’éducation mis à mal par des années de réductions budgétaires. À l’échelle mondiale, il s’agit d’une question de justice : faire payer ceux qui profitent de la crise pour financer des solutions durables.
Le changement climatique n’est pas seulement une crise de l’environnement. C’est une crise de justice, provoquée par ceux qui tirent profit de pratiques polluantes et font payer la note à ceux qui en sont le moins responsables. Il reste peu de temps pour agir.
Les gens commencent à se réveiller. Et à Séville cette semaine, les dirigeant·es doivent agir.
Plusieurs groupes — des jeunes grévistes pour le climat jusqu’aux syndicats, en passant par les économistes et même les millionnaires progressistes — réclament un changement. Ils savent que les ultra-riches doivent enfin payer leur dû.
La classe politique est désormais confrontée à un choix : se ranger du côté de l’industrie fossile et de la fraude fiscale, ou du côté des enseignant·es, des infirmières et de la génération qui lutte pour le climat. Lors du Forum des Nations unies sur le financement du développement à Séville, les dirigeant·es ont le pouvoir de réparer ce système corrompu. En commençant par rejeter le mythe du manque d’argent et en adoptant la vision audacieuse du partage des richesses.
L’argent est là. La science est sans équivoque. L’urgence est immédiate. Il est temps de taxer leurs milliards et de financer notre avenir.