Bruxelles, Belgique. Le Parlement européen a adopté aujourd’hui une résolution inédite qui reconnaît officiellement les conséquences désastreuses, tant pour les droits de l’homme que pour le climat, de la construction par Total de l’oléoduc East African Crude Oil Pipeline (EACOP). Ce pipeline, en cours de construction en Ouganda et en Tanzanie, serait le plus grand oléoduc chauffé au monde. Plus de cent mille familles et agriculteurs sont déjà déplacés de leurs terres. S’il est achevé, l’oléoduc générera plus de 34 millions de tonnes d’émissions de CO2 par an et menacera les espèces sauvages protégées.
Cette résolution de l’UE accentue la pression sur les financiers et les entreprises à l’origine du projet EACOP, qui se heurtent déjà à la résistance soutenue des communautés locales – et de millions de personnes dans le monde. Cette décision intervient dans un contexte de protestations récentes de la part de communautés dans certaines régions de l’Ouganda, invoquant l’incapacité de Total à atténuer les impacts de projets sur ces communautés.
Clémence Dubois, responsable de l’équipe France de 350.org, déclare :
“C’est une étape importante dans la lutte contre EACOP. La pression augmente chaque jour contre Total et ce projet à tous les niveaux de la société et dans le monde entier. Nous ne nous arrêterons pas tant que le projet ne sera pas à l’arrêt. Aucune banque ni aucun bailleur de fonds qui finance actuellement Total ne peut ignorer sa responsabilité, et ils doivent se préparer également à subir une pression croissante jusqu’à ce qu’ils cessent de financer des bombes climatiques.”
Omar Elmawi, coordinateur de la campagne Stop EACOP déclare :
“En dénonçant la persécution et l’intimidation des défenseurs des droits de l’homme qui osent critiquer le projet – dont plusieurs ont été arbitrairement arrêtés par le passé – la résolution du Parlement européen envoie un message clair : les droits des populations en Ouganda et en Tanzanie doivent passer avant les intérêts des entreprises et des gouvernements qui cherchent à s’enrichir. La résolution exhorte toutefois Total à étudier la faisabilité d’une route alternative, mais si nous voulons sauvegarder l’environnement et les ressources en eau, il n’y a qu’une seule route : mettre fin à ce projet qui viole les droits de l’homme et notre environnement. Les communautés et les activistes climatiques ont déjà exprimé leurs inquiétudes et leur résistance continue à l’EACOP. La responsabilité incombe aux financiers de prendre position contre ce projet.”
Notes à la rédaction
La résolution de l’UE – veuillez noter que la décision n’est pas directement contraignante pour Total, mais elle met une forte pression sur Total, sur tous les gouvernements et institutions financières qui soutiennent encore ce projet.
Communiqué de presse sur les protestations des communautés en Ouganda
Faits concernant l’oléoduc EACOP:
- L’oléoduc East Africa Crude Oil Pipeline (EACOP) sera long de plus de 1 400 km – la distance entre Paris et Rome – et longera le bassin du lac Victoria, qui est la plus grande réserve d’eau douce du continent et la source du Nil, entre l’Ouganda et la Tanzanie.
- Le pétrole serait chauffé en permanence à 50°C pour le garder fluide et le transporter jusqu’au port de Tanga, en Tanzanie, et dans des pétroliers de transport international.
- Cet oléoduc transporterait 200 000 barils de pétrole par jour et générerait jusqu’à 34 millions de tonnes d’émissions de carbone par an, soit sept fois ce que l’Ouganda émet chaque année et environ 1/16e des émissions de la France.
- Plus de 100 000 personnes sont chassées de leurs terres et expropriées.
- Le projet risque d’empoisonner les ressources en eau et les zones humides de l’Ouganda et de la Tanzanie, notamment le bassin du lac Victoria, dont dépendent plus de 40 millions de personnes pour leur eau potable, leur production alimentaire et leurs moyens de subsistance.
- Cela constituera une violation d’une multitude de droits humains : le droit à la propriété, le droit à un niveau de vie suffisant, le droit à l’alimentation, le droit à l’éducation, le droit à la santé, le droit à un logement adéquat, le droit à la vie et à la sécurité, le droit à la liberté d’expression, de réunion et d’association, et le droit au consentement préalable, libre et éclairé.
- Les défenseurs de l’environnement, des droits humains et des journalistes font l’objet de menaces, de harcèlement, d’intimidation, d’attaques, d’arrestations et d’emprisonnement.
Pour plus d’informations sur la campagne StopEACOP, veuillez consulter le site Web suivant
###