8 décembre, 2023

COP28 : Un nouveau rapport par 350.org et l’Observatoire des multinationales montre comment reprendre le contrôle des majors des énergies fossiles

Prenant TotalEnergies comme exemple, le rapport “TotalEnergies : comment mettre une major pétrogazière hors d’état de nuire” met les pouvoirs publics au défi d’imaginer la fin de l’industrie des énergies fossiles, et propose des pistes concrètes pour y parvenir.

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8 décembre 2023, Dubaï, Emirats Arabes Unis – 350.org et l’Observatoire des multinationales ont publié aujourd’hui à la COP28 un rapport qui démontre pourquoi il est nécessaire de reprendre le contrôle de l’industrie des énergies fossiles pour accomplir une véritable transition vers des énergies propres et renouvelables, et comment cette prise de contrôle peut se faire. 

Prenant l’exemple de TotalEnergies, le rapport : “TotalEnergies : comment mettre une major pétrogazière hors d’état de nuire” met en avant des pistes concrètes pour démanteler les géants des énergies fossiles de façon à faire progresser la lutte contre le changement climatique et à construire un système énergétique propre tout en protégeant les droits et l’avenir des employés de cette industrie. 

Le rapport met également en lumière les stratégies d’influence et fausses solutions déployées par TotalEnergies pour convaincre les décideurs politiques qu’ils font partie de la solution au changement climatique. En réalité, les activités de TotalEnergies continuent d’avoir des impacts climatiques, environnementaux et socio-économiques dévastateurs, en particulier dans les régions où la major met en place de nouveaux projets de production et d’extraction d’hydrocarbures, comme son projet d’oléoduc East African Crude Oil Pipeline (EACOP) en Ouganda et en Tanzanie.

Les multinationales comme TotalEnergies se voient souvent comme des entités souveraines et indépendantes des Etats. Mais leurs activités et leur pouvoir d’influence tiennent à des structures légales, économiques et politiques qui peuvent être changées. Le rapport propose trois voies pour orienter TotalEnergies vers un avenir sans énergies fossiles. Ces stratégies ne sont pas mutuellement exclusives et peuvent être combinées entre elles:

  • Un ensemble complet de réformes réglementaires en matière de climat, d’environnement, de finance et de lobbying afin de garantir que TotalEnergies serve l’intérêt public, et pas seulement celui de ses dirigeants et de ses actionnaires.
  • Une reprise démocratique de l’entreprise de l’intérieur, afin que les salariés et les parties prenantes, au-delà des seuls actionnaires, conduisent la stratégie de l’entreprise.
  • Une prise de contrôle publique de TotalEnergies pour transformer l’entreprise en une organisation d’intérêt public libre des pressions du marché financier, avec une gouvernance inclusive et une approche démocratique pour conduire un processus de sortie de la production d’énergies fossiles.

 

Clémence Dubois, Directrice associée des campagnes globales, 350.org et coordinatrice du rapport: 

“Cela fait des décennies que TotalEnergies et ses pairs essaient de nous faire croire qu’il n’y a pas d’alternative à l’industrie actuelle des énergies fossiles, et que les majors pétrogazières font partie de la solution à la crise climatique. Un nombre record de près de 2 500 lobbyistes des énergies fossiles est à la COP28, dont le PDG de TotalEnergies Patrick Pouyanné en tant que membre de la délégation française, pour mettre en avant leurs fausses solutions au changement climatique et maintenir le statu quo en faveur des énergies fossiles. Mais leurs multiples stratégies d’influence pour entraver la mise en place de politiques climatiques, leur intention d’accroître leur production de pétrole et de gaz et le fait que leurs investissements dans les renouvelables restent marginaux, montrent que la transition énergétique ne viendra pas des majors pétrogazières. Alors que la crise climatique fait rage, il est urgent d’imaginer un monde sans énergies fossiles, et cela commence par réfléchir à comment les pouvoirs publics peuvent concrètement reprendre le contrôle de ces multinationales aux impacts dévastateurs.”

Olivier Petitjean, co-fondateur de l’Observatoire des multinationales et co-auteur du rapport:  

Notre objectif est d’ouvrir un débat sur une idée qui peut sembler radicale, mais qui est aussi d’une certaine manière un truisme : pour initier une véritable sortie des énergies fossiles, nous n’avons pas d’autres choix que nous attaquer au poids économique et politique des majors des énergies fossiles. Nous ne pouvons continuer à attendre qu’elles veulent bien changer d’elles-mêmes un jour. Le temps des changements progressifs qui ne se matérialisent pas est révolu. L’accélération du réchauffement et de ses impacts, à l’image des situations de guerre ou de pandémie, peut précipiter le changement ; des scénarios jusqu’alors inimaginables peuvent devenir crédibles, voire incontournables. Nous voulons mettre les décideurs politiques au défi de les imaginer, et de les mettre en place.” 

Nicolas Haeringer, Directeur associé des partenariats pour le mouvement climatique, 350.org

“Le modèle économique de TotalEnergies est fondé sur le mensonge et la fiction. TotalEnergies sait depuis 1971 quelles sont les causes et les conséquences du changement climatique. L’entreprise prétend désormais que sa contribution à la lutte contre le changement climatique la rend incontournable. Pourtant la seule contribution utile de TotalEnergies serait de laisser le pétrole et le gas dans le sol. Car le pétrole de TotalEnergies est du pétrole de conflit et de sang, son gaz est du gaz de conflit et de sang, ses profits sont des profits de conflit et de sang. Cela nécessite un volontarisme politique fort de la part de la France et nous sommes déterminés à faire tout ce que nous pouvons pour y parvenir”

Ahmed El Droubi, Responsable des campagnes internationales, Climate Action Network International

“L’industrie des combustibles fossiles profite et bénéficie d’une restriction de l’espace civique, car cette industrie prive les pays et les communautés locales de leurs ressources et de leurs droits. Il s’agit là d’un problème systémique qui fait partie de l’ADN de l’industrie des énergies fossiles. Nous disposons désormais d’un système dans lequel les révénus générés par l’extraction du pétrole et du gaz sont privatisés, mais leur coût est rendu public. Nous devons tenir les grands pollueurs responsables de leurs infractions et de leurs impacts historiques afin d’exiger des réparations climatiques, ce qui est nécessaire pour les 600 millions d’Africains qui vivent actuellement sans accès à l’énergie pour dépasser l’ère des combustibles fossiles et passer rapidemment à un système 100% renouvelable.”

María Laura Castillo Diaz, Avocate environnementale et coordinatrice de la Fundación Ambiente y Recursos Naturales (FARN), Argentine

“Ne pas sortir des énergies fossiles revient à maintenir les pays d’Amérique latine dans un modèle extractiviste et entrave donc la possibilité de financer et promouvoir les énergies renouvelables. C’est également ce modèle qui reproduit et accroît les inégalités et les impacts sociaux et environnementaux liés à la crise climatique, et fait porter le coût et la charge de l’atténuation du changement climatique aux pays qui ont le moins contribué aux crises, ainsi qu’aux générations futures. Cela sape leur capacité à s’adapter au changement climatique. Les combustibles fossiles sont un obstacles à la transition socio-écologique juste et équitable dont la région a besoin.”

Lorraine Chiponda, Responsable de Don’t Gas Africa

“Je veux dénoncer le greenwashing de TotalEnergies. TotalEnergies prétend aider les pays africains et leurs populations, mais ses projets néocoloniaux montrent que rien n’a changé. Ces projets charrient des violations des droits de l’homme, des expropriations, et des impacts environnementaux désastreux. Contrairement à ce que disent ses dirigeants, TotalEnergies ne nous aide pas, mais persiste dans ses mensonges pour enfermer l’Afrique dans une économie basée sur les combustibles fossiles, ce qui aurait des impacts dévastateurs sur les populations et l’environnement et ferait en flèche les émissions de carbone du continent.”

Global Witness a récemment publié « Climate of Fear », une enquête mettant en lumière l’implication de TotalEnergies dans la répression des défenseurs de l’environnement en Afrique de l’Est. Hanna Hindstrom, responsable d’investigation chez Global Witness, a déclaré :

“Même si nous saluons le fait que TotalEnergies demande la libération des sept étudiants détenus en Ouganda, il est important de rappeler que ces étudiants font partie d’au moins 47 militants écologistes arrêtés dans le pays en un peu plus de trois ans pour avoir contesté les activités liées au pétrole ou au projet du “East African Crude Oil Pipeline”, ou EACOP.

Compte tenu des accusations selon lesquelles l’entreprise aurait minimisé les allégations de violations des droits de l’homme dans cet État autoritaire, y compris celles liées aux attaques contre l’espace civique, nous espérons que Total ne se servira pas simplement de cette occasion pour détourner les critiques sans mettre en œuvre des changements sur le terrain. Cet appel ne peut pas être simplement un acte de communication. Nous devons de toute urgence prendre des mesures concrètes pour résoudre les problèmes soulevés par notre nouveau rapport. Total doit adopter une approche claire et de tolérance zéro à l’égard de toutes les représailles contre la société civile, tout en étant totalement transparente sur la manière dont elle enquête sur les cas.”

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En amont de la COP28, en novembre et décembre, 350.org et ses partenaires ont organisé plus de 200 événements « Power Up » dans le monde entier pour demander une révolution des énergies renouvelables. Lien vers les photos

Pour plus d’informations sur les actions COP28 et Power Up à l’échelle mondiale, visitez globalpowerup.org.

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