1. La température monte.
À l'heure actuelle, la température moyenne annuelle de la planète est supérieure d'environ 1,1 °C aux niveaux de l'ère préindustrielle.
(Merci à Kimberly Nicholas, docteure en environnement et ressources, pour ce récapitulatif limpide).
Crises alimentaires, pénuries d'eau, déplacements de population, conflits armés : les conséquences de la crise climatique sont déjà perceptibles un peu partout et affectent gravement certaines populations. Les personnes les plus vulnérables sur le plan social ou géographique, qui sont les plus durement touchées, sont souvent celles qui ont le moins contribué à aggraver la crise.
la planète se réchauffe et l'être humain en est responsable. Il nous incombe dès lors de résoudre cette crise et de faire en sorte que l'avenir soit viable et équitable pour tou·te·s.
À l'heure actuelle, la température moyenne annuelle de la planète est supérieure d'environ 1,1 °C aux niveaux de l'ère préindustrielle.
La Terre a toujours été soumise à des périodes successives de réchauffement et de refroidissement, mais jamais au phénomène qu’elle connaît aujourd’hui. Les dix années les plus chaudes jamais enregistrées à ce jour ont toutes eues lieu après l’an 2000, un nouveau record étant établi chaque année. Selon le GIEC, « chacune des quatre dernières décennies a été plus chaude que toutes celles qui l’ont précédée depuis 1850 ».
Dans son dernier rapport Impacts, adaptation et vulnérabilité, le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) confirme qu’au rythme actuel, le monde pourrait connaître une hausse de température de 1,5 ˚C d’ici à 2040, soit dans deux décennies à peine, bien avant la mort de la plupart des personnes en vie aujourd’hui. Si les gouvernements du monde entier respectaient leurs engagements actuels de réduction des émissions à l’horizon 2030, nous serions toujours en passe de subir une augmentation de 2,7 ˚C d’ici à la fin du siècle.
La hausse des températures est accompagnée d’autres phénomènes. Le système climatique de la Terre est complexe : la moindre augmentation de la température moyenne de la planète entraîne de profonds changements ainsi que nombre d’effets indirects souvent dangereux et est susceptible de mettre en péril des écosystèmes entiers. Selon certaines études, une augmentation de plus de 1,5 ˚C pourrait faire basculer les systèmes climatiques au-delà de « points de non-retour » et « avoir des conséquences brutales, irréversibles et graves, qui auraient de sérieuses répercussions sur le genre humain ».
L’Accord de Paris de 2015 a fixé à 1,5 ˚C le seuil critique à ne pas dépasser. Les écarts de température par rapport à ce seuil, même minimes, peuvent faire la différence entre la vie et la mort pour des millions de personnes (notre dossier sur le sujet explique pourquoi il est essentiel de rester sous la barre des 1,5 ˚C). Les scientifiques estiment que si le réchauffement atteint les 2,7 ˚C annoncés, cela se traduira par « une chaleur insupportable pendant une partie de l’année dans certaines régions tropicales et subtropicales. La biodiversité subira un appauvrissement considérable, la sécurité alimentaire sera menacée et les phénomènes météorologiques extrêmes mettront à mal la résistance de la plupart des infrastructures urbaines ».
GRAPHIQUE : ÉVOLUTION DE LA TEMPÉRATURE SELON LA NASA, DE 1884 À 2021
Ce sont les êtres humains qui provoquent les dérèglements climatiques, principalement par la combustion des énergies fossiles. La hausse des températures coïncide presque parfaitement avec les émissions de gaz à effet de serre.
Avant le XVIIIe siècle, époque à laquelle l’Occident industrialisé a commencé à brûler du charbon, du pétrole et du gaz, notre atmosphère contenait environ 280 parties par million (ppm) de dioxyde de carbone. C’est dans ces conditions que « la vie sur Terre a fait son apparition et que la civilisation s’est développée ».
À mesure que la consommation de combustibles fossiles se généralise dans le monde, la quantité de carbone grimpe en flèche dans l’atmosphère. En 2002, la quantité de CO2 dans l’atmosphère était de 365 parties par million, et deux décennies plus tard, nous avons franchi la barre des 420 ppm.
En outre, la forte dépendance des pays riches à l’égard de l’élevage a provoqué une augmentation rapide des émissions d’autres gaz à effet de serre, dont le méthane et l’oxyde nitreux. L’agriculture génère environ 15 % des émissions mondiales. Les combustibles fossiles restent de loin le principal facteur aggravant : en 2021, ils étaient responsables de 89 % des émissions de gaz à effet de serre dans le secteur de l’énergie. À cela s’ajoute le fait que le dioxyde de carbone se maintient dans l’atmosphère beaucoup plus longtemps que le méthane et les autres gaz à effet de serre.
L’industrie fossile rejette dans l’atmosphère d’énormes quantités de carbone, stockées pendant des millions d’années dans le sol. Laisser les combustibles fossiles sous terre constitue le moyen le plus efficace de prévenir l’aggravation des dérèglements climatiques.
Source : NOAA
Une écrasante majorité de scientifiques (99 %) s’accorde pour attribuer les dérèglements climatiques aux émissions de gaz à effet de serre générées par l’être humain. Il n’y a pas lieu de débattre sur les fondements scientifiques de ce phénomène.
Dès les années 1890, on savait que l’augmentation du CO2 dans l’atmosphère allait entraîner un réchauffement climatique. Les critiques à l’encontre de la crédibilité des sciences du climat sont entretenues au nom d’intérêts particuliers, notamment par l’industrie fossile, qui ne cesse d’injecter de l’argent pour semer le doute au sujet des dérèglements climatiques. Rien qu’entre l’Accord de Paris de 2015 et 2019, les cinq principales compagnies pétrolières ont déboursé à elles seules un milliard de dollars pour financer des campagnes de publicité et de lobbying mensongères sur le thème du climat.
Depuis les années 1970, la compagnie pétrolière Exxon a conscience de l’impact des dérèglements climatiques et sait qu’une mobilisation aurait un impact négatif sur ses résultats financiers. Par conséquent, la société s’est engagée dans une vaste campagne de désinformation, instaurant un faux débat qui a entravé toute action pendant des décennies. Il en va de même pour Total Energies : des historien·ne·s ont démontré que le géant pétrolier avait compris, il y a près de 50 ans, que sa principale activité était à l’origine du réchauffement de la planète. Or, le groupe a choisi de camoufler la vérité, de financer la diffusion de fausses informations et de mentir à ses actionnaires et à l’opinion publique. On sait désormais qu’Exxon, Total et d’autres entreprises prennent des dispositions pour protéger leurs infrastructures du dérèglement climatique depuis des décennies, tout en s’opposant aux initiatives destinées à protéger le reste de la population.
Exxon voulait nous persuader du bien-fondé de son argumentation, mais il fallait pour cela discréditer les scientifiques et tou·te·s ceux·celles qui sont en prise avec la réalité. Les communautés autochtones, traditionnelles et locales nous indiquent que le climat est en train de changer et que notre façon d’habiter la planète n’est pas viable. Plus de 24 % des territoires les plus préservés au monde sont gérés par des communautés locales ou des peuples autochtones. Comme le souligne Ailton Krenak, chef autochtone et écrivain brésilien, « les gens pensent que les dérèglements climatiques ne sont pas pour aujourd’hui, mais ceux-ci frappent depuis bien longtemps nos forêts. […] Notre mode de vie, quel que soit l’endroit où nous nous trouvons sur la Terre, repose sur des interactions constantes entre l’humanité et la nature. Tous les peuples autochtones réagissent de manière différente à la dégradation, provoquée par la colonisation, de la structure essentielle de notre habitat. Nous le faisons avec ce qui subsiste de nos souvenirs et de nos traditions, ce qui compose notre vision du monde et alimente notre capacité de résistance ».
Si nous écoutons le message que nous livrent les scientifiques et les communautés les plus touchées plutôt que les mensonges de l’industrie fossile, aucun doute n’est possible : l’humanité est responsable du dérèglement rapide du climat, qui provoque déjà des dégâts importants dans le monde entier, qu’ils soient économiques, environnementaux, sociaux et humains. Le meilleur moyen de l’arrêter est de laisser les combustibles fossiles sous terre et d’accélérer la transition vers un avenir plus propre, plus équitable, pour tou·te·s et axé sur les communautés locales.
Le « débat » est clos. Les scientifiques se mobilisent pour lutter contre les dérèglements climatiques. Crédit photo : Road to Paris
Le réchauffement de 1,1 ˚C a déjà des effets dévastateurs sur les populations et sur la planète. Et certain·e·s sont plus durement touché·e·s que d’autres..
Dans son dernier rapport Impacts, adaptation et vulnérabilité, le GIEC indique qu’environ 3,3 à 3,6 milliards de personnes sont particulièrement exposées aux dérèglements climatiques. Il y est également indiqué que 50 à 75 % de la population mondiale pourrait être confrontée à des « conditions climatiques potentiellement mortelles » d’ici à 2100, liées notamment à des chaleurs intenses et à des précipitations.
La production alimentaire est fortement perturbée par le réchauffement de la planète. Les récoltes de céréales diminuent. L’insécurité alimentaire et les pénuries d’eau risquent d’entraîner des crises humanitaires, des conflits et des déplacements de population, affectant de manière inégale les différentes régions du monde — on observe des répercussions particulièrement importantes dans certaines régions d’Afrique, d’Asie, d’Amérique centrale et d’Amérique du Sud, ainsi que dans plusieurs archipels et dans l’Arctique.
Les saisons étant de plus en plus imprévisibles, les agriculteurs ne savent plus quand semer ni quand récolter. Selon les projections, même si la hausse des températures reste proche de 1,5 °C d’ici à 2100, 8 % des terres agricoles du monde d’aujourd’hui deviendront impropres à la culture. La production halieutique dans les zones tropicales d’Afrique subira également une réduction allant de 3 % jusqu’à 41 %, qui aggravera la crise alimentaire, la pêche contribuant à la majorité de l’apport en protéines de près d’un tiers des habitant·e·s du continent.
Les inégalités sociales au niveau national et international se creuseront à mesure que les effets de la crise climatique gagneront du terrain. Les catégories sociales vulnérables, « notamment les femmes, les jeunes, les personnes âgées, les minorités ethniques et religieuses, les populations autochtones et les réfugié·e·s», sont les plus exposées aux conséquences de la crise climatique : pénuries d’eau et de nourriture, pauvreté, problèmes sanitaires, conflits et actes de violence liés aux dérèglements climatiques.
Selon le GIEC, l’écart entre 1,5 ˚C et 2 ˚C de hausse de la température mondiale provoquerait le déplacement de plus de 10 millions de personnes supplémentaires à cause de l’élévation du niveau de la mer. Partout dans le monde, les populations sont en droit de bénéficier des meilleures conditions de vie et d’épanouissement possibles. Or, les migrations involontaires liées aux aléas climatiques (principalement les inondations et les tempêtes) ont déjà provoqué le déplacement de plus de 20 millions de personnes par an depuis 2008.
Il est inévitable et primordial de se préparer à ces conséquences concrètes et aux nouvelles difficultés engendrées par les dérèglements climatiques, mais cette adaptation nécessaire met également en lumière les inégalités à travers le monde. En effet, la mise en œuvre des mesures est fragmentée et répartie de manière inégale. Selon les scientifiques, « d’importantes lacunes subsistent sur le plan des stratégies d’adaptation, en particulier parmi les populations à faible revenu. Au rythme actuel de développement et de mise en œuvre de ces stratégies, ces écarts continueront à se creuser [et] le monde n’est pas suffisamment préparé aux conséquences futures des dérèglements climatiques, surtout au-delà du seuil de réchauffement mondial de 1,5 °C ».
La science ne laisse aucune place au doute. Les études et les rapports les plus récents confirment ce que nous savons depuis des décennies : la fréquence et la gravité croissantes des phénomènes météorologiques extrêmes sont la conséquence des dérèglements climatiques. La situation est grave pour tout le monde — voire pire que grave pour certain·e·s d’entre nous.
Légende : carte interactive illustrant l’impact des dérèglements climatiques sur les phénomènes météorologiques extrêmes dans le monde. Source : CarbonBrief
La science du climat a clairement démontré que le réchauffement de la planète amplifie l'intensité, la longueur et la fréquence des vagues de chaleur, des épisodes de sécheresse et des incendies de forêt.
Légende : En 2022, l'Europe a connu des températures extrêmes : un record estival
de 40 ˚C a été atteint à Londres (Royaume-Uni), des incendies de forêt ont ravagé certaines régions d'Espagne et du Portugal et
des dizaines de milliers de personnes ont été déplacées. Crédit photo : NOAA
L'atmosphère et les océans de notre planète se réchauffent dix fois plus vite qu'au cours des 65 derniers millions d'années. Un phénomène qui s'est particulièrement accentué au cours des 20 dernières années.
Légende : carte où sont représentées en marron les régions où les sécheresses devraient s'aggraver en raison des dérèglements climatiques. Source : GIEC.
Le réchauffement climatique aggrave les sécheresses. La chaleur atmosphérique accélère l'évaporation de l'eau du sol, ce qui augmente les risques de sécheresse et de pression sur les cultures. L'Organisation des Nations unies a averti que « plus de 50 millions de personnes en Afrique de l'Est pourraient être exposées à une situation d'insécurité alimentaire aiguë » en 2022, suite à quatre années consécutives de faibles précipitations. Cette sécheresse est la pire depuis 40 ans pour de nombreux pays de la région. Si nous ne réduisons pas les émissions de manière significative et immédiate, « un tiers des terres émergées de la planète pourraient subir une sécheresse au moins modérée d'ici à 2100 ».
Les incendies de forêt sont eux aussi un indicateur de la rapidité du réchauffement de l'atmosphère. Le dernier rapport du GIEC indique qu'« un quart des surfaces naturelles de la planète connaît désormais des périodes d'incendie prolongées du fait de l'augmentation de la température, de l'aridité et de la sécheresse ».
En 2021, l'augmentation de 30 % de l'aridité des sols et les températures record ont provoqué en Turquie une augmentation brutale de la superficie de forêts ravagées par les flammes. En Californie, aux États-Unis, les incendies de forêt sévissent plus longtemps et avec une intensité accrue depuis quelques années. En 2020, plus de 200 000 incendies ont été recensés, principalement dans les régions du Pantanal, du Cerrado et de l'Amazonie au Brésil, soit 15 % de plus que l'année précédente, et leur fréquence risque d'augmenter.
Alors que des records de chaleur sont enregistrés sur terre, la majeure partie de l'énergie thermique supplémentaire piégée dans notre atmosphère est emmagasinée dans les profondeurs de nos océans, entraînant des bouleversements soudains et le déclin d'écosystèmes majeurs.
Légende : la superficie de la banquise arctique en été diminue de 12,6 % par décennie en raison du réchauffement de la planète. Source : NSIDC/NASA
Depuis 1955, les océans ont absorbé plus de 90 % de l'énergie piégée par l'atmosphère en raison de l'augmentation des émissions de gaz à effet de serre et le rythme de réchauffement des océans a considérablement accéléré au fil du temps.
Le réchauffement des océans et de l'atmosphère entraîne une diminution de la quantité de glace sur Terre, qui touche les glaciers et les banquises de l'Arctique à l'Antarctique. Ce phénomène entraîne une élévation du niveau de la mer, diminue la capacité de la planète à renvoyer l'énergie thermique vers l'espace et menace des écosystèmes uniques.
Depuis le début des relevés par satellite, il y a quarante ans, la banquise de l'Arctique a connu un déclin spectaculaire, perdant en moyenne 13 % de sa masse à chaque décennie. L'ensemble de la région arctique subit des bouleversements radicaux qui menacent l'habitat essentiel d'innombrables espèces et les moyens de subsistance de nombreuses communautés autochtones. La hausse rapide des températures polaires est très probablement à l'origine des hivers rigoureux et des tempêtes de neige, ainsi que des vagues de chaleur estivales et des inondations spectaculaires qui en découlent.
La calotte glaciaire de l'Antarctique subit, elle aussi, des bouleversements liés à l'augmentation de la température des océans, mais elle évolue plus lentement que celle de l'Arctique. Principal réservoir d'eau douce au monde, l'Antarctique pourrait contribuer fortement à l'élévation du niveau de la mer : proche de zéro pour un réchauffement inférieur ou égal à 1,5 degré Celsius, celle-ci dépassera toutefois les 2 mètres si l'augmentation atteint 2 degrés Celsius. En laissant les combustibles fossiles dans le sol, nous pouvons changer le cours des choses : si nous passons à l'action sans tarder, nous pouvons préserver la calotte glaciaire de l'Antarctique.
Les glaciers sont aussi très vulnérables aux changements de température, les dérèglements climatiques les faisant reculer de manière irréversible dans le monde entier. Le déclin des glaciers de l'Himalaya, des Andes, de l'Arctique, des Alpes du Sud, de la Nouvelle-Zélande et du reste du monde engendre des coûts et des risques considérables pour la population et la faune. En effet, ces glaciers constituent l'une des principales sources d'approvisionnement en eau tout au long de l'année de beaucoup de villes et d'écosystèmes du monde entier.
En se réchauffant, l'eau se dilate. Ce simple phénomène, associé à la fonte des glaces des régions polaires et des glaciers de la planète, provoque une élévation rapide du niveau de la mer. Une faible montée des eaux suffit à provoquer des dégâts et des bouleversements considérables, les grandes marées et les ondes de tempête pénétrant de plus en plus loin dans l'intérieur des terres.
Selon les projections, « des événements extrêmes liés au niveau de la mer, qui se produisaient autrefois une fois tous les 100 ans, pourraient survenir chaque année d'ici à la fin du siècle » dans plusieurs endroits du monde. Le degré actuel d'élévation du niveau de la mer est d'environ 3,7 mm par an, mais celui-ci s'accroît avec le temps, sans compter les fluctuations d'une année sur l'autre.
Si nous laissons les combustibles fossiles dans le sol et limitons le réchauffement à moins de 2 °C, nous avons une chance de limiter la hausse du niveau de la mer à environ 50 cm d'ici à 2100. 37 % de la population mondiale habitant près des côtes, l'enjeu est de taille.
Avant les années 1980, on n'avait relevé aucun signe de blanchissement des coraux à l'échelle mondiale au cours des dix derniers millénaires, et sans doute depuis bien plus longtemps. Le phénomène n'a débuté qu'au cours des 35 dernières années. De la Grande Barrière de Corail aux îles Andaman de l'océan Indien, les récifs coralliens, autrefois très colorés et pleins de vie, ont blanchi puis viré au marron à mesure qu'ils mouraient et se couvraient d'algues. (Pour en savoir plus, consulter notre campagne « Coral Reef Crime Scene »))
Les récifs abritent environ 25 % de toutes les espèces marines. La disparition massive des coraux met en péril l'existence ou les moyens de subsistance d'un milliard de personnes dans le monde, qui dépendent directement ou indirectement de ces écosystèmes. Sans contrôle des émissions de gaz à effet de serre, la plupart des récifs coralliens de la planète disparaîtront en quelques décennies.
Les tempêtes, les ouragans et les typhons existent depuis toujours, mais en raison des dérèglements climatiques causés par les activités humaines, ils provoquent aujourd'hui des précipitations plus abondantes, des inondations plus fréquentes, des ondes de tempête plus puissantes et des vents plus violents.
Selon le sixième rapport d'évaluation du GIEC, « une augmentation record de l'intensité et de la fréquence des précipitations quotidiennes a été détectée sur une grande partie de la surface terrestre pour laquelle il existe des données d'observation fiables, et cela ne peut s'expliquer que par l'augmentation des concentrations de gaz à effet de serre dans l'atmosphère, qui est causée par l'activité humaine ». Le lien est clair : pour chaque degré de réchauffement supplémentaire, l'atmosphère absorbe environ 7 % de vapeur d'eau en plus et qui dit plus de vapeur d'eau dans l'atmosphère dit plus d'énergie, ce qui augmente les précipitations et modifie les régions où se produisent les tempêtes.
En 2022, 33 millions de personnes ont subi des inondations catastrophiques à la suite des moussons qui ont frappé le Pakistan, avec des précipitations supérieures de près de 800 % aux niveaux habituels. En 2021, les rues de plusieurs villes allemandes et néerlandaises ont été dévastées par l'une des inondations les plus violentes du siècle, qui a fait plus de 200 victimes. En 2016, les eaux exceptionnellement chaudes des Caraïbes ont entraîné une aggravation extrêmement rapide de l'ouragan Matthew, qui est passé du stade de tempête tropicale à celui d'ouragan de catégorie 5 en seulement 36 heures, causant des ravages sur son passage en Haïti, à Cuba, aux Bahamas et dans le sud-est des États-Unis.
L'augmentation de la combustion de ressources fossiles a un coût bien réel —en aggravant les conséquences humaines et financières des tempêtes, des ouragans, des typhons et des cyclones. Laisser les combustibles fossiles dans le sol constitue le meilleur moyen de protéger les populations contre ces catastrophes innombrables.
Le climat influence tous les aspects de notre vie. Le réchauffement de la planète affectera notre bien-être sur plusieurs plans, les communautés les plus vulnérables étant aussi les plus durement touchées.
Les dérèglements climatiques constituent l'un des principaux risques pour la santé humaine. Selon l'Organisation mondiale de la Santé, il pourrait provoquer environ 250 000 décès par an entre 2030 et 2050, notamment en raison de la malnutrition, du paludisme, de la diarrhée et de l'action physiologique de la chaleur.
Légende : les dérèglements climatiques ont des effets directs et indirects sur la santé. Source : OMS
Il est plus difficile de cultiver, de transporter et de stocker des aliments sous des températures plus élevées. Les dérèglements climatiques auront également un impact profond sur la qualité et la disponibilité de l'eau. Ces tendances frapperont plus durement les populations pauvres, aggravant les inégalités dans le monde et au niveau national. Selon le dernier rapport du GIEC, le nombre de personnes souffrant de la faim en 2050 oscillera entre 8 et 80 millions, les populations d'Afrique subsaharienne, d'Asie du Sud et d'Amérique centrale étant les plus sévèrement touchées. Par ailleurs, « à l'échelle mondiale, si le réchauffement est de 2 °C, 800 millions à 3 milliards de personnes devraient souffrir d'une pénurie chronique d'eau liée à la sécheresse, leur nombre pouvant atteindre environ 4 milliards si le réchauffement s'établit à 4 °C ».
L'une des conséquences les plus évidentes du réchauffement climatique est l'action physiologique de la chaleur. D'ici à 2100, il est certain que le pourcentage de la population mondiale exposée à une chaleur mortelle va augmenter, passant de 30 % aujourd'hui à 48-76 % ; ces chiffres dépendant de notre capacité à réduire nos émissions. En Europe, par exemple, le nombre de personnes exposées à l'action physiologique de la chaleur sera 2 à 3 fois plus élevé pour un réchauffement mondial de 3 °C que pour un réchauffement de 1,5 °C. La chaleur provoque une déshydratation, des défaillances organiques, des maladies cardiovasculaires, voire des décès, et touche plus durement les populations les plus vulnérables, comme les femmes, les personnes âgées et les communautés les plus modestes.
Légende : Moustique femelle Aedes albopictus qui peut transmettre le virus Zika. (Photo : James Gathany/CDC) Source : PHIL
La hausse des températures entraîne également un agrandissement des zones où est répandue la transmission par les moustiques de maladies, telles que la maladie à virus Zika, le paludisme et la dengue. Un rapport du Lancet publié en 2022 a révélé que « les périodes de transmission du paludisme se sont prolongées de 32 % dans les régions montagneuses sur le continent américain et de 15 % sur le continent africain », par rapport aux années 1950. Les risques d'infection par la dengue ont également augmenté de 12 % au cours de la même période. Le sixième rapport d'évaluation du GIEC indique que « selon les projections, un milliard de personnes supplémentaires seront exposées à un risque de dengue d'ici à 2080 dans un scénario de réchauffement moyen et cinq milliards dans un scénario de réchauffement élevé ».
Les phénomènes météorologiques extrêmes (inondations, ouragans, vagues de chaleur ou incendies de forêt) contribuent à l'augmentation de la violence et « peuvent déclencher des troubles de stress post-traumatique, de l'anxiété et des dépressions ». Un nombre croissant de personnes vont perdre leur habitat, voir leur activité disparaître et même mourir en raison de conditions météorologiques extrêmes. « Tous ces événements ont des effets profonds, souvent à long terme, sur la santé mentale ». Le meilleur moyen de garantir le bien-être des générations futures est de s'organiser et d'unir nos forces pour réclamer des mesures immédiates en faveur du climat.
Le réchauffement de l'atmosphère modifie le rythme des saisons et la répartition des habitats et entraîne une extension géographique des zones climatiques les plus chaudes vers les pôles.
Selon une étude portant sur 976 végétaux et animaux, 47 % d'entre eux ont disparu localement en raison des dérèglements climatiques. Et le dernier rapport du GIEC intitulé Impacts, adaptation et vulnérabilité est sans équivoque : « les menaces qui pèsent sur les espèces et les écosystèmes des océans, des régions côtières et des terres émergées, en particulier dans les foyers de biodiversité, posent un risque global qui augmentera avec chaque dixième de degré de réchauffement supplémentaire ».
Les vagues de chaleur, les incendies de forêt, les sécheresses et les inondations — des phénomènes de plus en plus fréquents, prolongés et graves —, fragilisent de nombreuses espèces végétales et animales, les poussant au-delà de leurs seuils de tolérance ou de leur capacité d'adaptation. Et les conséquences ne se limitent pas simplement, par exemple, à la disparition des ours polaires. Les écosystèmes sont interconnectés et l'extinction ou la migration d'une seule espèce peut avoir des effets en cascade aussi inattendus qu'imprévisibles. Tout ceci affecte l'humanité, car la dégradation de la nature diminue sa « capacité à assurer les fonctions essentielles dont nous dépendons pour survivre, comme la protection des côtes, l'approvisionnement en nourriture ou la régulation du climat par l'absorption et le stockage du carbone ».
Près de la moitié des espèces de la planète ont déjà été touchées d'une manière ou d'une autre. Animaux et plantes changent d'habitat en direction des pôles, à des altitudes plus élevées ou dans des eaux océaniques plus profondes pour échapper aux conditions météorologiques extrêmes. À l'heure actuelle, environ 12 % des 8 millions d'espèces animales et végétales de la planète sont en voie d'extinction, confrontées à un déclin massif, rapide et sans précédent, imputable lui aussi aux dérèglements climatiques. Selon plusieurs études, ces chiffres vont empirer avec le réchauffement de la planète : si celui-ci atteint 2 °C en 2100, environ 18 % de toutes les plantes et de tous les animaux vivant sur terre risqueront l'extinction, mais si le réchauffement atteint 4,5 °C, «environ la moitié de toutes les espèces végétales et animales répertoriées seront menacées »..
La protection de la nature va de pair avec la crise climatique — celle-ci en subit les conséquences, tout en constituant une partie de la solution pour assurer un avenir viable à l'humanité. Selon les scientifiques, « en restaurant les écosystèmes dégradés et en préservant efficacement et équitablement 30 à 50 % des habitats terrestres, marins et d'eau douce de la planète, les sociétés pourront bénéficier de la capacité de la nature à absorber et à stocker le carbone ».
Les dérèglements climatiques bouleversent déjà les saisons, les habitats et les zones climatiques, menaçant les espèces d'extinction et plongeant les agriculteur·trice·s dans la misère. Le meilleur moyen de protéger les habitats et les moyens de subsistance essentiels est de laisser les combustibles fossiles dans le sol.
Les données de la crise climatique sont inquiétantes : la grande majorité des réserves de combustibles fossiles doivent rester enfouies sous terre si nous voulons éviter un réchauffement de 1,5 °C. L’industrie fossile ne s’y résoudra pas sans combattre.
Voici la bonne nouvelle :
La crise climatique est un enjeu d’actualité qui nous concerne tou·te·s, mais elle ne touche pas tout le monde de la même manière. Elle exacerbe les inégalités et affecte tous les aspects de notre vie : l’alimentation, l’emploi, la santé, les droits humains. Les seules vraies solutions sont fondées sur la justice et donnent la priorité aux individus et aux communautés. Dans un monde sans combustibles fossiles, les droits des femmes et des hommes, les droits des personnes racisées, les droits des migrant·e·s, les droits des travailleur·se·s et les droits sociaux seront respectés de manière plus équitable, au niveau national comme au niveau international.
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