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Le rejet de l’oléoduc Keystone­XL promet d’établir un précédent qui bouleversera l’industrie des combustibles fossiles au niveau mondial. Cet oléoduc devait courir sur plus de 1900 kilomètres et permettre le transport des sables bitumineux de la province canadienne de l’Alberta, jusqu’aux raffineries américaines du golfe du Mexique.

Quatre années de lutte se sont écoulées entre la décision d’Obama et les mots du célèbre scientifique Jim Hansen qui confiait que si l’on menait à bien ce projet, ce serait “game over” pour la planète. Cette décision ne tombe pas du ciel. Elle est directement issue d’une mobilisation citoyenne massive.

Le mouvement est parti de la défense des territoires qui allaient subir les impacts néfastes de l’oléoduc. Il est le fruit d’alliances inédites entre les Premières Nations, les fermiers, les étudiants… Tous se sont mobilisés autour du climat mais également contre la pollution locale, la corruption politique et le pouvoir démentiel de l’industrie des énergies fossiles.

Ces citoyens ont organisé des actions de désobéissance civile pacifique: ils ont été jusqu’à 15.000 à encercler la Maison Blanche. Certains se sont fait arrêter, tous ont donné des milliers d’heures de leur temps parce qu’ils croient simplement qu’un climat vivable est une ligne rouge qui ne doit jamais être franchie.

La coalition de citoyens qui s’est battue contre Keystone­XL a changé l’univers du possible: pour la première fois, le Président des États­Unis affirme publiquement qu'”une partie des énergies fossiles doit rester dans le sol”. Pour la première fois, un dirigeant politique rejette un grand projet d’infrastructure en raison de son impact sur le climat.

À quelques semaines du Sommet de Paris sur le Climat, cette victoire marque un tournant et envoie une signal très clair: l’étau se resserre sur l’industrie des énergies fossiles. S’il est dangereux de construire Keystone en raison de ses conséquences néfastes sur le climat, il est dangereux de construire toute nouvelle infrastructure pour les combustibles fossiles, quelle qu’elle soit.

Depuis les débuts de la campagne, les experts et initiés ont jugé avec indifférence et mépris les citoyens réunis pour s’opposer à Keystone XL. Cette victoire est aujourd’hui le symbole même de la capacité des mouvements sociaux à susciter des changements politiques. Elle est à la fois la preuve d’une cible pertinente, les infrastructures fossiles, mais aussi que la bataille du climat, pour être gagnée, a besoin de mobilisations citoyennes fortes.

Partout dans le monde, celles­-ci existent déjà et doivent se multiplier. Pour que les alternatives prospèrent, il faut continuer à contester la légitimité d’un système insoutenable pour la terre, injuste pour les hommes.

A ce titre, les journées de mobilisation et d’actions de masse du 29 novembre et celle du 12 décembre à la clôture des négociations sur le climat, sont cruciales. Nous montrerons aux politiciens et aux négociateurs que certaines lignes rouges ne doivent pas être franchies: s’ils ne prennent pas d’engagements suffisants, nous prendrons les choses en main.

Nous connaissons les solutions pour empêcher la crise climatique: 80% des énergies fossiles disponibles doivent rester dans le sol. En amont du Sommet de Paris et au-­delà, nous devons montrer aux investisseurs que chaque nouveau projet de développement des énergies fossiles rencontrera sur son chemin la résistance des citoyens. Nous devons “keystoniser” chaque nouvel oléoduc, chaque mine de charbon. La ligne rouge est tracée: le futur sera zéro fossile.

 

  pour 350.org

lien original : https://www.huffingtonpost.fr/clemence-dubois/la-keystonisation-de-tout-projet-fossile-est-inevitable_b_8519414.html

 

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