Plus de 400 ONG s’unissent pour exiger solennellement la sauvegarde de notre climat
MARRAKECH – Aujourd’hui, une coalition de plus de 400 organisations non gouvernementales a rendue publique une lettre ouverte aux dirigeants du monde entier. Cette lettre formule une revendication aussi inédite qu’urgente, un maillon essentielle de toute action pour le climat : renoncer au développement de tout nouveau projet fossile.
Le courrier s’appuie sur de récentes recherches qui montrent que si nous exploitons jusqu’au bout les gisements de combustibles fossiles actuellement exploités, nous dépasserions les objectifs que s’est fixée la communauté internationale : maintenir le réchauffement climatique nettement en dessous des 2 °C et tout en s’efforçant de le limiter à 1,5 °C. Cette lettre appelle donc les dirigeants du monde entier « à mettre immédiatement un terme au développement de nouveaux projets fossiles et à assurer une transition socialement juste vers l’énergie renouvelable en gérant le déclin de l’industrie fossile ».
Cette démonstration de résistance planétaire a lieu à un moment crucial, au lendemain des élections présidentielles américaines. La remise de la lettre se déroule la veille d’une journée d’actions solidaires menées un peu partout aux États-Unis et dans le monde pour protester contre le pipeline Dakota Access. Des organisations de dizaines de pays se sont réunies pour montrer que le mouvement pour le climat ne renoncera pas à son combat visant à s’opposer aux nouvelles infrastructures polluantes et à garder les combustibles fossiles sous terre.
À Marrakech, les signataires de la lettre se sont rassemblés dans l’enceinte des négociations de l’ONU, pour remettre la missive aux dirigeants de la planète à l’occasion d’un événement artistique organisé dans le centre de conférences accueillant les négociations. Une conférence de presse a suivi.
La lettre a été remise en main propre à Ségolène Royal, Ministre de l’Environnement, de l’Énergie et de la Mer, chargée des Relations internationales sur le climat, lors de sa venue, ce samedi, à la COP22.
La lettre est disponible sur le site https://keepitintheground.org
La conférence de presse est archivée ici : https://unfccc.cloud.
Déclarations des intervenant.e.s à la conférence de presse :
« Nos recherches ont démontré que le développement de nouveaux projets fossiles doit s’arrêter si nous voulons respecter l’accord de Paris. La seule façon d’éviter un changement climatique dangereux ou une perte brutale d’emplois et d’investissements est d’entreprendre le déclin organisé de la production de combustibles fossiles et d’assurer une transition socialement juste vers l’énergie renouvelable. Cette lettre est le signe que cette réalité a donné naissance à un gigantesque mouvement international. Les dirigeants du monde seraient bien avisés d’écouter cet appel », a déclaré Greg Muttitt, conseiller principal pour Oil Change International.
« La géophysique de la stabilisation du climat est claire : pour respecter notre budget carbone limité, nous devons progressivement amener les émissions de dioxyde de carbone à zéro. Plusieurs options s’offrent à nous, mais la prudence impose de minimiser notre dépendance future à des technologies incertaines. La meilleure solution pour ce faire est de renforcer l’action visant à réduire ces émissions dans tous les secteurs, en commençant par celui de l’énergie, et en particulier par le charbon », selon Joeri Rogelj, chercheur pour l’Energy Program de l’IIASA (International Institute for Applied Systems Analysis).
« L’accord de Paris perdra tout son sens si nous ne gelons pas tous les nouveaux projets fossiles et n’assurons pas une transition socialement juste vers un monde inclusif basé sur l’énergie renouvelable. Les communautés en première ligne du changement climatique, dont la vie et les moyens de subsistance sont de plus en plus menacés, livrent ce combat depuis des années. Les gouvernements n’ont pas le choix : ils doivent se placer du bon côté de l’histoire et entendre l’appel lancé par des millions de personnes des quatre coins du monde », a affirmé Nicole Oliveira, 350.org.
« Le charbon est déjà en déclin structurel dans des pays clés comme la Chine. L’argent investi dans la construction de nouvelles centrales à charbon risque fort d’y rester bloqué. Partout dans le monde, non contentes de confirmer leur capacité à répondre aux nouvelles demandes énergétiques, les énergies renouvelables (comme l’éolien et le solaire) commencent à remplacer les combustibles fossiles polluants. Dans le même temps, des millions de personnes de Chine, d’Inde, d’Europe et des États-Unis en ont assez que leur santé et leur environnement soient compromis par le brûlage des combustibles fossiles. Elles enjoignent par conséquent nos dirigeant.e.s à préparer la transition vers des systèmes énergétiques propres et accessibles. Nous sommes la génération qui mettra un terme aux énergies fossiles. » Li Yan, directrice adjointe de programme, Greenpeace Extrême-Orient.