9 juillet, 2021

Réaction de 350.org : la Banque Centrale Européenne place les enjeux climatiques au cœur de son action et esquisse un avenir sans finance fossile

9 Juillet 2021. Francfort, Allemagne. Hier, la Banque Centrale Européenne a annoncé l’incorporation des enjeux climatiques dans ses stratégies d’analyse de risques et d’établissement de la politique monétaire à travers la zone Euro. Par ce geste sans précédent, la BCE envoie un signal fort aux banques et institutions financières du monde entier : l’ère de la finance fossile touche à sa fin.


Pendant 15 mois, des activistes environnementaux ont ciblé la Banque Centrale et sa présidente Christine Lagarde à travers des manifestations, des pétitions, des lettres ouvertes et diverses tactiques en ligne. Ils demandent à la BCE de diminuer sa part d’actifs fossiles et d’instaurer une régulation du secteur bancaire privé, afin d’interrompre les flux financiers vers les énergies fossiles.


Toutefois, cette annonce ne va pas assez loin. La très conservatrice Agence Internationale de l’Énergie appelle à une interruption du financement de nouveaux projets fossiles ; par comparaison, cette nouvelle stratégie de la BCE pourrait s’avérer trop lente, et laisse la porte à de nombreuses interprétations qui permettent potentiellement la pérennisation d’investissements dans le secteur fossile.

Citations:

“C’est une victoire pour le mouvement climat et pour les 165 000 personnes ayant pétitionné la Banque Centrale Européenne en demandant la prise en compte de la crise climatique et la fin de la finance fossile. La BCE envoie un signal clair aux institutions financières : l’ère de la finance fossile touche rapidement à sa fin. Il est désormais temps pour les banques et investisseurs privés de rapidement combler leur retard en rompant tout lien avec les industries du charbon, du pétrole et du gaz.”Julia Krzyszkowska, Chargée de Campagne Europe à 350.org

“Nous nous réjouissons que ces 15 mois de mobilisation contre la finance fossile payent enfin, mais nous resterons vigilants quant aux actions de la BCE. Trop souvent, les engagements ambitieux se transforment en une séquence de greenwashing dénuée de toute réalité. Nous continuerons de manifester jusqu’à ce que le conseil de gouvernance mette en place des règles claires et ambitieuses afin de garantir l’abandon des actifs fossiles et la régulation du secteur privé contre le chaos climatique.” Rika von Gierke, activiste membre du Koala Kollektive.

“Nous demandons à la BCE de faire plus encore pour mettre fin au colonialisme environnemental pratiqué par les banques européennes comme HSBC, qui financent la fracturation hydraulique dans le bassin de Vaca Muerta, en Argentine. S’il existe des moratoires contre la fracturation hydraulique en Angleterre, en France et dans d’autres pays européens – dûs aux risques que cette pratique fait peser sur l’environnement et les populations locales – alors pourquoi serait-il acceptable de l’exploiter en Amérique Latine ? Ilan Zugman, Directeur Amérique Latine à 350.org.

“La South African Reserve Bank et les autres institutions financières sud-africaines – notamment la Banque de Développement d’Afrique du Sud et l’Industrial Development Corporation – doivent prendre compte de ces nouvelles tendances financières mondiales. Pour l’heure, elles semblent trop occupées à nager contre le courant en maintenant leur soutien financier à de nouveaux projets fossiles. Les financements qu’elles reçoivent de la Banque Centrale Européenne pourraient bien influencer cette décision, et elles bénéficient à présent d’une opportunité de prouver leur pertinence en mettant à jour dès à présent leurs propres politiques.” Glen Tyler-Davies, Chef d’Équipe Afrique du Sud, 350Africa.org

Cet engagement de la Banque Centrale Européenne dessine en creux l’échec de Jérome Powell en tant que Directeur de la Réserve Fédérale Américaine. Alors que la BCE ouvre la voie à l’action contre les risques que font peser les énergies fossiles sur notre planète et nos systèmes financiers, la Fed s’absout dangereusement de toute responsabilité. Le peuple américain élève la voix pour exiger du Président Biden, de la Secrétaire Yellen et du Sénat qu’ils nomment un véritable leader climatique à la tête de la Fed, afin de garantir que son action se fasse dans l’intérêt du peuple.” Tracey Lewis, Analyste Politiques Financières Senior à 350.org.

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Notes aux éditeurs:

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